Amédée Pommier

La baigneuse endormie près d’une source.

Chut ! Avançons sans bruit, gardons de l’éveiller.
Nous pourrons contempler, sous le rideau des branches,
L’imprudente dormeuse, et ses épaules blanches,
Et ses bras arrondis lui servant d’oreiller.
 
Elle a cru sans péril pouvoir se dépouiller
De sa longue tunique aux onduleuses manches.
Car nul ne devait voir le satin de ses hanches,
Hormis le flot limpide, heureux de les mouiller.
 
Mais comment oses-tu, séduisante baigneuse,
Du danger à ce point te montrer dédaigneuse,
Dévoilant ton beau corps de la tête aux orteils ?
 
N’est-il plus de sylvain, d’aegipan, de satyre,
Qui rôde curieux et lascif, et qu’attire
L’appât d’un sein de neige aux deux boutons vermeils ?

Les sonnets sur le Salon de 1851 (1860)

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