Albert Mérat

L’homme mûrit son cœur

L’homme mûrit son cœur. L’arbre mûrit sa sève.
Voici l’heure des fruits, et voici la saison
Où la terre a poussé des germes à foison.
Debout, penseur ! voici l’avenir qui se lève !
 
Va, guerrier ; ceins tes reins pour vaincre, prends ton glaive,
Et frappe le passé fier de son vieux blason.
Va toujours et, faisant reculer l’horizon,
Marque des pas profonds sur la route sans trêve.
 
Va dans l’obscurité des cieux sombres encore,
Guidé par la raison certain comme l’or,
Tout droit, sans regarder ce qui reste en arrière,
 
Blessé du jour qui naît au fond du ciel brumeux,
L’homme des anciens temps te guette, venimeux :
Il faut lui faire peur avec de la lumière.

Les chimères (1866)

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