il y a les archanges du
Grand
Temps
qui sont les ambassadeurs essaimes de la
Turbulence
on les avait crus jusqu’à présent prisonniers
d’un protocole sidéral
les voici accueillis sur le seuil des cases
par de grandes attentes en armure verte
les mêmes qui les ont fascinés de très loin
de leurs calmes yeux insomniaques à peine
rougis du cheminement d’un lendemain naissant
il y a aussi les capteurs solaires du désir
de nuit je les braque : ce sont mots
que j’entasse dans mes réserves
et dont l’énergie est à dispenser
aux temps froids des peuples
(ni drèches ni bagasses
poussez les feux précieux
il serait immoral
que les dévoltages du
Temps
puissent résister aux survoltages du
Sang)
dévaler dur
contourner aux lieux choisis de la gravité historique
quelques abîmes
revenir dans cette mangrove buisson de lèvres
et de mancenilliers
encore toujours encore
c’est la rancœur des mots qui nous guide
leur odeur perfide
(bavure faite de l’intime amitié de nos blessures comme leur rage n’était que la recristallisation d’incendies de ghettos)
le mot oiseau-tonnerre
le mot dragon-du-lac
le mot strix
le mot lémure
le mot touaou
couresses que j’allaite
ils me reniflent et viennent à l’heure
au lieu
à moi pour être
s’y faisant un groin la griffe le bec l’abandon est plus loin au crépuscule sur le sable
mal sade et fade et l’atroce rancune de salive ravalée du ressac