Et je vis un premier animal
il avait un corps de crocodile des pattes d’équidé une tête
de chien mais lorsque je regardai de plus près à la place
des bubons c’étaient des cicatrices laissées en des temps
différents par les orages sur un corps longtemps soumis à
d’obscures épreuves
sa tête je l’ai dit était des chiens pelés que l’on voit rôder
autour des volcans dans les villes que les hommes n’ont
pas osé rebâtir et que hantent éternellement les âmes des
trépassés
et je vis un second animal
il était couché sous un bois de dragonnier des deux côtés
de son museau de chevrotain comme des moustaches se
détachaient deux rostres enflammés aux pulpes
Je vis un troisième animal qui était un ver de terre mais
un vouloir étrange animait la bête d’une longue étroitesse
et il s’étirait sur le sol perdant et repoussant sans cesse
des anneaux qu’on ne lui aurait jamais cru la force de
porter et qui se poussaient entre eux la vie très vite
comme un mot de passe très obscène
Alors ma parole se déploya dans une clairière de paupières sommaires, velours sur lequel les étoiles les plus filantes allaitent leurs ânesses
le bariolage sauta livré par les veines d’une géante nocturne
ô la maison bâtie sur roc la femme glaçon du lit la catastrophe perdue comme une aiguille dans une botte de foin une pluie d’onyx tomba et de sceaux brisés sur un monticule
dont aucun prêtre d’aucune religion n’a jamais cité le nom et dont l’effet ne peut se comparer qu’aux coups de fouet d’une étoile sur la croupe d’une planète sur la gauche
délaissant les étoiles disposer le vever de leurs nombres les nuages ancrer dans nulle mer leurs récifs le cœur noir blotti dans le cœur de l’orage nous fondîmes
sur demain avec dans nos poches le coup de couteau très violent du soleil dans le dos des villes surprises