Yves Bonnefoy

Phénix

L’oiseau se portera au-devant de nos tètes,
Une épaule de sang pour lui se dressera.
Il fermera joyeux ses ailes sur le faîte
De cet arbre ton corps que tu lui offriras.
 
Il chantera longtemps s’éloignant dans les branches,
L’ombre viendra lever les bornes de son cri.
Refusant toute mort inscrite sur les branches
Il osera franchir les crêtes de la nuit.
 
Cette pierre ouverte est-ce toi, ce logis dévasté,
Comment peut-on mourir ?
J’ai apporté de la lumière, j’ai cherché,
Partout régnait le sang.
Et je criais et je pleurais de tout mon corps.
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