Yves Bonnefoy

L’éternité du feu

Phénix parlant au feu, qui est destin
Et paysage clair jetant ses ombres.
Je suis celui que tu attends, dit-il.
Je viens me perdre en ton grave pays.
Il regarde le feu.
Comment il vient.
Comment il s’établit dans l’âme obscure
Et quand l’aube parait à des vitres, comment
Le feu se tait, et va dormir plus bas que feu
Il le nourrit de silence.
Il espère
Que chaque pli d’un silence éternel.
En se posant sur lui comme le sable.
Aggravera son immortalité.
Tu sauras qu’un oiseau a parlé, plus haut
Que tout arbre réel, plus simplement
Que toute voix d’ici dans nos ramures,
Ei tu t’efforceras de quitter le port
De ces arbres, tes cris anciens, de pierre ou cendre.
Tu marcheras,
Tes pas seront longtemps la nuit, la terre nue,
Et lui s’éloignera chantant de rive en rive
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