Victor Hugo

Un jour je vis, debout au bord des flots

Un jour je vis, debout au bord des flots mouvants,
    Passer, gonflant ses voiles,
Un rapide navire enveloppé de vents,
    De vagues et d’étoiles ;
 
Et j’entendis, penché sur l’abîme des cieux,
    Que l’autre abîme touche,
Me parler à l’oreille une voix dont mes yeux
    Ne voyaient pas la bouche :
 
“ Poète, tu fais bien ! Poète au triste front,
    Tu rêves près des ondes,
Et tu tires des mers bien des choses qui sont
    Sous les vagues profondes !
 
La mer, c’est le Seigneur, que, misère ou bonheur,
    Tout destin montre et nomme ;
Le vent, c’est le Seigneur ; l’astre, c’est le Seigneur ;
    Le navire, c’est l’homme. ”
 
                                       Le 15 juin 1839.

Les contemplations (1856)

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