Victor Hugo

Ô femmes ! chastetés augustes

Ô femmes ! chastetés augustes ! fiertés saintes !
Pudeur, crainte sacrée entre toutes les craintes !
Farouche austérité du front pensif et doux !
Ô vous à qui je veux ne parler qu’à genoux,
Dont la forme est si noble en notre chaos sombre,
Qu’on ne se souvient plus, en la voyant dans l’ombre,
De rien que de divin et de mystérieux,
Sorte d’oubli tombé sur la terre des cieux,
Etres charmants créés pour la plus haute sphère ;
Ô femmes, parmi nous que venez-vous donc faire ?
Alors questionnant l’inconnu, l’inouï,
Aux voix qui disent non tâchant d’arracher oui
J’écoute, et je regarde, et, plein de rêveries,
Je vais au Luxembourg, je vais aux Tuileries,
Parlant à tout ce qui va, vient, passe, et cherchant
La réponse à ce cri vague et pur comme un chant ;
Et toujours, et partout, et de toutes les femmes,
De celles-ci, les coeurs, de celles-là, les âmes,
Du brun regard, de l’oeil voilé de blonds cheveux,
Sort un sourire immense aux enfants, ces aveux.
 
                                       Le 17 novembre 1879.

Toute la lyre (1888 et 1893)

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