Victor Hugo

L’église (III)

                     III.
 
Les clochettes sonnaient la messe.
Tout ce petit temple béni
Faisait à l’âme une promesse
Que garantissait l’infini.
 
J’entendais, en strophes discrètes,
Monter, sous un frais corridor,
Le Te Deum des pâquerettes,
Et l’hosanna des boutons d’or.
 
Les mille feuilles que l’air froisse
Formaient le mur tremblant et doux.
Et je reconnus ma paroisse ;
Et j’y vis mon rêve à genoux.
 
J’y vis près de l’autel, derrière
Les résédas et les jasmins,
Les songes faisant leur prière,
L’espérance joignant les mains.
 
J’y vis mes bonheurs éphémères,
Les blancs spectres de mes beaux jours,
Parmi les oiseaux mes chimères,
Parmi les roses mes amours.

Les chansons des rues et des bois (1865)

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