Victor Hugo

Idylles

               LE SÉNAT.
 
Vibrez, trombone et chanterelle !
Les oiseaux chantent dans les nids.
La joie est chose naturelle.
Que Magnan danse la trénis
Et Saint-Arnaud la pastourelle !
 
   LES CAVES DE LILLE.
 
Miserere !
Miserere !
 
           LE CONSEIL D’ÉTAT.
 
Des lampions dans les charmilles !
Des lampions dans les buissons !
Mêlez vous, sabres et mantilles !
Chantez en choeur, les beaux garçons !
Dansez en rond, les belles filles !
 
         LES GRENIERS DE ROUEN.
 
Miserere !
Miserere !
 
             LE CORPS LÉGISLATIF.
 
Jouissons ! l’amour nous réclame.
Chacun, pour devenir meilleur,
Cueille son miel, nourrit son âme,
L’abeille aux lèvres de la fleur,
Le sage aux lèvres de la femme !
 
xBRUXELLES, LONDRES, BELLE-ISLE, JERSEY.
 
Miserere !
Miserere !
 
             L’HÔTEL DE VILLE.
 
L’empire se met aux croisées
Rions, jouons, soupons, dînons.
Des pétards aux Champs-Elysées !
A l’oncle il fallait des canons,
Il faut au neveu des fusées.
 
               LES PONTONS.
 
Miserere !
Miserere !
 
               L’ARMÉE.
 
Pas de scrupules ! pas de morgue !
A genoux ! un bedeau paraît.
Le tambour obéit à l’orgue.
Notre ardeur sort du cabaret,
Et notre gloire est à la morgue.
 
               LAMBESSA.
 
Miserere !
Miserere !
 
           LA MAGISTRATURE.
 
Mangeons, buvons, tout le conseille !
Heureux l’ami du raisin mûr,
Qui toujours, riant sous sa treille,
Trouve une grappe sur son mur
Et dans sa cave une bouteille !
 
               CAYENNE.
 
Miserere !
Miserere !
 
               LES ÉVÊQUES.
 
Jupiter l’ordonne, on révère
Le succès, sur le trône assis.
Trinquons ! Le prêtre peu sévère
Vide son âme de soucis
Et de vin vieux emplit son verre !
 
   LE CIMETIÈRE MONTMARTRE.
 
Miserere !
Miserere !
 
                             Jersey, le 7 avril.

Les châtiments (1853)

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