Victoire Babois

On est belle quand on plaît.

Je veux de ma Caroline
Faire le gentil portrait,
Et que chacun le devine
Sans deviner qui l’a fait.
L’amour embellit, pour plaire,
L’objet qu’il aime à chanter ;
Aussi tendre et plus sincère,
L’amitié peint sans flatter.
 
J’aime de ma Caroline
La douce ingénuité ;
J’aime sa grâce enfantine,
J’aime sa légèreté.
Dans les jeux, dans la folie,
Que son langage est charmant !
Dans l’aimable causerie,
C’est celui du sentiment.
 
Le goût fixé sur ses traces,
Loin des grands airs indolents,
Sous le voile heureux des grâces
Epure tous les talents.
L’esprit de ma Caroline,
Par un aimable penchant,
Veut souvent qu’on le devine,
Tant il est simple et touchant.
 
Son aimable raillerie
Ne vous offense jamais ;
D’une censure étourdie
Son cœur repousse les traits.
Mais sa raison vive et fine
En riant marche au succès ;
Car la raison qui badine
Gagne toujours son procès.
 
Si vous souffrez, Caroline
Sur vos maux vient s’affliger ;
Son cœur les sent, les devine,
Il aime à les partager.
C’est un ange, Caroline,
Disent tous les malheureux :
C’est un lutin, Caroline,
Disent tous les amoureux.
 
Je dirai de sa figure,
Pour la peindre en un seul trait,
Ce refrain de la nature :
« On est belle quand on plaît. »
Hé bien, de ma Caroline
J’ai fait le gentil portrait :
Tout un chacun le devine
Sans deviner qui l’a fait.

Élégies et poésies diverses (1828)

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