Tristan Corbière

Gente Dame

Il n’est plus, ô ma Dame,
D’amour en cape, en lame,
    Que Vous !...
De passion sans obstacle,
Mystère à grand spectacle,
    Que nous !...
 
Depuis les Tour de Nesle
Et les Château de Presle,
    Temps frais,
Où l’on couchait en Seine
Les galants, pour leur peine....
  —Après.—
 
Quand vous êtes Frisette,
Il n’est plus de grisette
    Que Toi !...
Ni de rapin farouche,
Pur Rembrandt sans retouche,
    Que moi !
 
Qu’il attende, Marquise,
Au grand mur de l’église
    Flanqué,
Ton bon coupé vert-sombre,
Comme un bravo dans l’ombre,
    Masqué.
 
—À nous !—J’arme en croisière
Mon fiacre-corsaire,
    Au vent,
Bordant, comme une voile,
Le store qui nous voile :
  —Avant !...
 
—Quartier-dolent—tourelle
Tout au haut de l’échelle....
    Quel pas !
—Au sixième—Eh ! madame,
C’est tomber, sur mon âme !
    Bien bas !
 
Au grenier poétique,
Où gîte le classique
    Printemps,
Viens courre, aventurière,
Ce lapin de gouttière :
    Vingt-ans !
 
Ange, viens pour ton hère
Jouer à la misère
    Des Dieux !
Pauvre diable à ficelles,
Lui, joue avec tes ailes.
    Aux cieux !
 
Viens, Béatrix du Dante,
Mets dans ta main charmante
    Mon front...
Ou passe, en bonne fille,
Fière au bras de ton drille,
    Le pont.
 
Demain, ô mâle amante,
Reviens-moi Bradamante !
    Muguet !
Eschôlier en fortune,
Narguant, de vers la brune,
    Le guet !
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