Théodore de Banville

À Iris.

Quand vous venez, ô jeune beauté blonde,
Par vos regards allumer tant de feux,
On pense voir Cypris, fille de l’Onde,
Épanouir et les Ris et les Jeux.
 
Chacun, épris d’un désir langoureux,
Souffre une amour à nulle autre seconde,
Et lentement voit s’entr’ouvrir les cieux
Quand vous venez, ô jeune beauté blonde !
 
S’il ne faut pas que votre chant réponde
Un mot d’amour à nos chants amoureux,
Pourquoi, Déesse à l’âme vagabonde,
Par vos regards allumer tant de feux ?
 
Laissez au vent flotter ces doux cheveux
Et découvrez cette gorge si ronde,
Si jusqu’au bout il vous plaît qu’en ces lieux
On pense voir Cypris, fille de l’Onde.
 
Car chacun boit à sa coupe féconde
Lorsqu’elle vient à l’Olympe neigeux
Sur les lits d’or que le plaisir inonde
Épanouir et les Ris et les Jeux.
 
Donc, allégez ma souffrance profonde.
C’est trop subir un destin rigoureux ;
Craignez, Iris, que mon cœur ne se fonde
À ces rayons qui partent de vos yeux
             Quand vous venez !

Les Cariatides (1842)

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