Sonnet.
Que n’ai-je à te soumettre ou bien à t’obéir ?
Je te vouerais ma force ou te la ferais craindre ;
Esclave ou maître, au moins je te pourrais contraindre
À me sentir ta chose ou bien à me haïr.
J’aurais un jour connu l’insolite plaisir
D’allumer dans ton cœur des soifs, ou d’en éteindre,
De t’être nécessaire ou terrible, et d’atteindre,
Bon gré, mal gré, ce coeur jusque-là sans désir.
Esclave ou maître, au moins j’entrerais dans ta vie ;
Par mes soins captivée, à mon joug asservie,
Tu ne pourrais me fuir ni me laisser partir ;
Mais je meurs sous tes yeux, loin de ton être intime,
Sans même oser crier, car ce droit du martyr,
Ta douceur impeccable en frustre ta victime.