Robert Desnos

Vie d’ébène

Un calme enrayant marquera ce jour
Et l’ombre des réverbères et des avertisseurs d’incendie fatiguera la lumière
Tout se taira les plus silencieux et les plus bavards
Enfin mourront les nourrissons braillards
Les remorqueurs les locomotives le vent
Glisser en silence
On entendra la grande voix qui venant de loin passera sur la ville
On l’attendra longtemps
Puis vers le soleil de milord
Quand la poussière les pierres et l’absence de larmes composent sur les grandes places désertes la robe du soleil
Enfin on entendra venir la voix
Elle grondera longtemps aux portes
Elle passera sur la ville arrachant les drapeaux et brisant les vitres
On l’entendra
 
Quel silence avant elle mais plus grand encore le silence qu’elle ne troublera pas mais qu’elle accusera du délit de mort prochaine qu’elle flétrira qu’elle dénoncera.
 
O jour de malheurs et de joies
Le jour le jour prochain où la voix passera sur la ville
Une mouette fantomatique m’a dit qu’elle m’aimait
autant que je l’aime
Que ce grand silence terrible était mon amour
Que le vent qui portait la voix était la grande révolte
du monde
Et que la voix me serait favorable.
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