A force d’aimer, je me suis perdu dans l’océan.
Et quel océan !
Une tempête de rires et de larmes.
Si vous montez sur un navire ayez soin de regarder la figure de proue qui vous fixera d’un œil rongé par la houle et l’eau salée.
Mais que dis-je ?
Les spectacles de l’amour ne m’intéressent guère.
Je ne veux plus être qu’une voile emportée au gré des moussons vers des continents inconnus où je ne trouverai qu’une seule personne.
Celle pour laquelle vous avez un nom tout trouvé.
Je me déshabille, ainsi qu’il sied à un explorateur perdu dans une île et je reste immobile ainsi qu’une figure de proue.
Salut à toi, vent du large et à toi, désert, et à toi, oubli.
On m’oubliera.
Quelque jour, on ne saura plus mon nom, mais je saurai son nom.
Un soir, couvert de gloire et riche, je reviendrai, je frapperai à sa porte, tout nu, mais on ne me répondra pas, même, ayant ouvert la porte, quand j’apparaîtrai à ses yeux.
J’ai gagné, du moins, le sens de la perpétuité.
Non pas celle, ridicule, des concessions de cimetière.
Je souhaite en vain l’apparition des guillotines, mais je ne puis offrir aux foules sanguinaires que mon désir de suicide.
Révolution !
Tu ne brilleras qu’après ma mort, sur la place immense de marbre blanc qui recouvrira mon immense cadavre.
La
France est un nid de guêpes, l’Europe un champ pourri et le monde une presqu’île de ma conscience.
Mais heureusement il me reste les étoiles, et la conscience de ma grandeur morale opposée aux mille obstacles que le monde apporte à mon amour.