Rémy Belleau

Embrasse-moi, mon cœur

Embrasse-moi, mon cœur, baise-moi, je t’en prie,
Presse-moi, serre-moi ! À ce coup je me meurs !
Mais ne me laisse pas en ces douces chaleurs :
Car c’est à cette fois que je te perds, ma vie.
 
Mon ami, je me meurs et mon âme assouvie
D’amour, de passions, de plaisirs, de douceurs,
S’enfuit, se perd, s’écoule et va loger ailleurs,
Car ce baiser larron me l’a vraiment ravie.
 
Je pâme ! Mon ami ! mon ami, je suis morte !
Hé ! ne me baisez plus, au moins de cette sorte.
C’est ta bouche, mon cœur, qui m’avance la mort.
 
Ôte-la donc, m’amour, ôte-la, je me pâme !
Ôte-la, mon ami, ôte-la, ma chère âme,
Ou me laisse mourir en ce plaisant effort !

La Bergerie (1565)

#ÉcrivainsFrançais

Autres oeuvres par Rémy Belleau...



Haut