The Circumcision, by Giovanni Bellini
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Charles d'Orléans Charles d'Orléans

Charles Ier d’Orléans, né à Paris le 24 novembre 1394 et mort à Amboise le 5 janvier 1465, duc d’Orléans et de Valois, est un prince connu surtout pour ses œuvres poétiques écrites lors de sa longue captivité anglaise. Il est le fils de Louis Ier, duc d’Orléans (le frère du roi de France Charles VI), et de Valentine Visconti, fille du duc de Milan. Biographie Charles d’Orléans est né en 1394 à l’hôtel royal Saint-Pol. Il est le petit-fils de Charles V et appartient à la branche royale des Valois. Le 29 juin 1406, Charles d’Orléans épouse la veuve de Richard II d’Angleterre, sa cousine germaine, Isabelle de Valois (17 ans), fille du roi Charles VI, qui trois ans plus tard meurt en couches. Le 23 novembre 1407, son père Louis d’Orléans est assassiné sur ordre de Jean sans Peur, duc de Bourgogne. Sa mère Valentine Visconti, fille du duc de Milan, meurt à son tour peu de temps après. Charles d’Orléans est donc placé à l’âge de treize ans à la tête d’un parti et devient chef de la féodalité française. En 1410, Charles se remarie avec Bonne d’Armagnac, la fille du comte Bernard VII d’Armagnac, grand féodal du Sud-Ouest. Cette union scelle une alliance politique entre les maisons d’Orléans et d’Armagnac, avec le soutien du duc de Bourbon, du duc de Berry et celui du comte d’Alençon, il devient un véritable chef de guerre. En 1415, Charles mène les armées royales contre Henri V d’Angleterre faisant retraite dans le Nord de la France. L’affrontement est un désastre à Azincourt, la chevalerie française est battue, plus de 6 000 morts et un millier de chevaliers faits prisonniers, dont Charles d’Orléans. Il est emmené en Angleterre, où la rançon pour sa libération est fixée à 220 000 écus d’or. Ce n’est que 25 ans plus tard que cette rançon est payée et que Charles d’Orléans est libéré. Il se marie alors à Saint-Omer avec Marie de Clèves, nièce de Philippe le Bon, qui a payé sa rançon. Elle est aussi petite-fille de Jean sans Peur, qui avait ordonné l’assassinat du père de Charles. Ce mariage scelle la réconciliation des maisons d’Orléans et de Bourgogne. Durant ses 25 ans de captivité, Charles d’Orléans écrivit des ballades, des rondeaux, des rondels… À son retour en France, il se retire dans ses châteaux de Blois et de Tours où il se consacre à la littérature, il ouvre un cercle académique qui devient le rendez-vous de tous les beaux esprits. Dans cette arène de poètes sont organisés des tournois littéraires, le gagnant remporte le prix de la ballade et du rondeau. François Villon y passe brièvement en 1458 avant de tomber en disgrâce. Il meurt à Amboise dans les années 1460 sur le chemin du retour, alors qu’il vient d’assister à Poitiers à une assemblée des princes du sang et des grands féodaux. Il est inhumé en l’église du Saint-Sauveur à Blois. Le 21 février 1505, ses restes sont transférés au couvent des Célestins de Paris (avec ceux de sa famille) par son fils, le roi Louis XII. Contexte Contexte historique Charles d’Orléans est un des acteurs de la guerre de Cent Ans qui oppose, de 1337 à 1453, la dynastie des Plantagenêt à celle de Valois à travers le royaume de France et celui d’Angleterre. C’est durant cette guerre qu’il sera fait prisonnier. Pendant cette captivité, Charles d’Orléans rédige son livre de Ballades, un ensemble de 123 ballades. Après 22 ans de captivité cependant la lassitude commence à paraître dans son écriture, il se dit « tout rouillé par le Nonchaloir » dans la ballade 72. Il semble qu’il se soit vengé du roi d’Angleterre et duc de Normandie dans l’un de ses poèmes: Yver vous n’estes qu’un villain. Où il compare sa longue captivité au fait de l’Yver. Mais Yver est également un nom patronymique très répandu en Normandie et désigne le roi d’Angleterre sous la plume de Charles. Contexte littéraire Valentine de Milan, mère de Charles d’Orléans, avait reçu une éducation des plus distinguées, qui lui permit de transmettre son goût pour la poésie à son fils. De plus les parents de Charles étaient passionnés d’art et de lettres. Ils recevaient et protégeaient des poètes comme Eustache Deschamps ou Christine de Pisan. Il est donc en quelque sorte l’héritier de la tradition courtoise des troubadours et trouvères. On peut notamment constater qu’il s’inspire du Roman de la Rose dans ses ballades, car il use de figures allégoriques telles que: Mélancolie, Tristesse, Espoir et d’autres. Œuvres lyriques Charles d’Orléans est l’auteur d’une œuvre considérable: 131 chansons, 102 ballades, sept complaintes et pas moins de 400 rondeaux. Il est aussi l’auteur de pièces poétiques en langue anglaise. Ce sont en partie ses écrits qui permettent de recouper les informations et de reconstituer sa vie par ailleurs bien documentée en raison de son rang social. Chansons La chanson est un récit versifié en décasyllabes relatant des épopées légendaires héroïques mettant en scène guerriers et chevaliers. Celles-ci sont accompagnées de musique. Ce qui n’est pas systématique pour les ballades ou les rondeaux. Cependant les chansons de Charles d’Orléans n’ont pas de musique. Extrait d’une chanson écrite par Charles d’Orléans, dont le thème est le temps qui passe: « Qui ? Quoy ? comment ? à qui ? pourquoi ? Passez, presens, ou avenir, Quant me viennent en souvenir, Mon cueur en pensez n’est pas coy. Au fort, plus avant que ne doy, Jamais je ne pense en guerir. Qui ? quoy ? comment ? à qui ? pourquoi ? Passez, presens, ou avenir, On s’en peut rapporter à moy Qui de vivre ay eu beau loisir, Pour bien aprendre et retenir, Assez ay congneu, je m’en croy. Qui. Quoy ? comment ? à qui ? pourquoi ? Passez, presens, ou avenir. » Rondels et rondeaux En poésie, le rondel est un poème à forme fixe, construit sur deux rimes et comportant un refrain, à l’instar du rondeau, il est son ancienne appellation. Il est composé le plus souvent de treize vers octosyllabiques, ou décasyllabiques répartis en trois strophes. Le refrain du rondel est formé de ses deux premiers vers, que l’on retrouve à la fin de la deuxième strophe, puis de son premier vers que l’on retrouve à la fin de la troisième strophe. Le rondel connut son apogée entre les XIVe et XVIe siècles. Un rondeau est un poème à forme fixe de 13 vers de longueur variable et construit sur deux rimes, avec des répétitions obligées. Il est composé sur trois strophes dont les deux dernières reprennent le tout premier hémistiche ; c’est le refrain que l’on retrouve aussi dans la forme de la ballade. Charles d’Orléans est l’auteur de près de 400 rondeaux. L’un de ses rondels les plus connus dans l’histoire de la poésie française est Le Printemps: « Le temps a laissié son manteau De vent, de froidure et de pluye, Et s’est vestu de brouderie, De soleil luyant, cler et beau. Il n’y a beste, ne oyseau, Qu’en son jargon ne chant ou crie: Le temps a laissié son manteau De vent, de froidure et de pluye. Rivière, fontaine et ruisseau Portent, en livrée jolie, Goutte d’argent, d’orfaverie, Chascun s’habille de nouveau. Le temps a laissié son manteau. » Recueil: Rondeaux Ballade La ballade est une forme fixe du lyrisme courtois de la fin du Moyen Âge composée de trois couplets et d’une demi-strophe appelée envoi, chacune étant terminée par un vers refrain qui rappelle la forme chantée des origines. Les Ballades de Charles D’Orléans pour la plupart ne comportent pas d’envoi. Recueil: Ballades Gallimard, Poésie NRF, 2001 (ISBN 978-2-07-032795-9) Généalogie simplifiée Ascendance Bibliographie Répertoire bibliographique (en) Edith Yenal, Charles d’Orléans: A Bibliography of Primary and Secondary Sources, New York, AMS Press, coll. « AMS Studies in the Middle Ages » (no 6), 1984 (ISBN 978-0-404-61436-2, présentation en ligne). Principales éditions des œuvres de Charles d’Orléans Poésies complètes, revues sur les manuscrits avec préface, notes et glossaire par Charles d’Héricault, 2 tomes, Paris, Ernest Flammarion, 1915 ; texte disponible sur wikisource. Ballades et rondeaux, Paris, Le Livre de Poche, collection « Lettres gothiques », 1992. En la forêt de longue attente et autres poèmes, édition bilingue de Gérard Gros, Paris, Gallimard, collection « Poésie / Gallimard », 2001. (ISBN 978-2070327959) Poésies, tome 1, La Retenue d’amour. Ballades, chansons, complaintes et caroles éditées par Pierre Champion, Paris, Honoré Champion, collection « Classiques français du Moyen Âge », 2010. Le Livre d’Amis: Poésies à la cour de Blois (1440-1465), édition bilingue, publication, traduction, présentation et notes de Virginie Minet-Mahy et Jean-Claude Mühlethaler, Paris, Honoré Champion, collection « Champion Classiques Moyen Âge », 2010. Recueil: Chansons (1428) Études historiques et littéraires (en) Mary-Jo Arn (dir.), Charles d’Orléans in England, 1415-1440, Cambridge, Boydell & Brewer, 2000, X-231 p. (ISBN 0-85991-580-8, présentation en ligne). (en) Mary-Jo Arn, The Poet’s Notebook: The Personal Manuscript of Charles d’Orléans (Paris, BnF MS fr. 25458), Turnhout, Brepols, 2008. Pierre Champion, La vie de Charles d’Orléans, 1394-1465, Paris, Honoré Champion, coll. « Bibliothèque du XVe siècle » (no 13), 1911, XV-717 p. (présentation en ligne, lire en ligne). Jacques Drillon, Charles d’Orléans ou Le génie mélancolique, Paris, Jean-Claude Lattès, 1993 (rééd. lulu.com). Claudio Galderisi, Le Lexique de Charles d’Orléans dans les Rondeaux, Genève, Droz, 1993, 277 p. Extraits en ligne. Claudio Galderisi, Charles d’Orléans: « Plus dire que penser », Bari, Adriatica Editrice, 1994, 128 p. Claudio Galderisi, « En regardant vers le païs de France ». Charles d’Orléans: une poésie des présents, Orléans, Paradigme, « Medievalia », 2006, 220 p. Claudio Galderisi, Charles d’Orléans, Paris-Rome, Memini, « Bibliographie des écrivains français », 2012, 174 p. Xavier Hélary, « ORLÉANS Charles duc d’ (1394-1465) », dans Philippe Contamine, Olivier Bouzy et Xavier Hélary, Jeanne d’Arc. Histoire et dictionnaire, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2012, 1214 p. (ISBN 978-2-221-10929-8), p. 893-894. Gert Pinkernell, « François Villon et Charles d’Orléans (1457 à 1461). D’après les Poésies diverses de Villon ». Studia Romanica, vol. 79., Winter, Heidelberg 1992, (ISBN 3-533-04526-9). Thierry Martin, Poésie homosexuelle en jobelin, de Charles d’Orléans à Rabelais, anthologie bilingue, QuestionDeGenre/GKC, 2007. Jean-Claude Mühlethaler, Charles d’Orléans, un lyrisme entre Moyen Age et modernité, Paris, Classiques Garnier, 2010. Gilbert Ouy, « À propos des manuscrits autographes de Charles d’Orléans identifiés en 1955 à la Bibliothèque nationale », Bibliothèque de l’école des chartes, no 118, 1960, p. 179-188, [lire en ligne]. Littérature Hella S. Haasse et traduit du néerlandais par Anne-Marie de Both-Diez, En la forêt de longue attente le roman de Charles d’Orléans, Paris, Éd. du Seuil, 2007 (ISBN 9782020936248, OCLC 758642630). Postérité Ses poèmes ont été enluminés par Henri Matisse. Trois chansons mises en musique par Claude Debussy. Une citation de lui est en exergue du roman La Carte et le Territoire de Michel Houellebecq, prix Goncourt. Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Ier_d%27Orl%C3%A9ans

Louise Labé Louise Labé

Louise Labé née vers 1524 à Lyon, morte le 25 avril 1566 à Parcieux-en-Dombes où elle fut enterrée,, est une poétesse française surnommée « La Belle Cordière ». Elle fait partie des poètes en activité à Lyon pendant la Renaissance. Vie et œuvre La belle cordière Son père, Pierre Charly, apprenti cordier, avait épousé (vers 1493) en premières noces la veuve d’un cordier prospère, Jacques Humbert dit Labé ou L’Abbé. Pour assurer sa présence dans cette profession, il reprit pour lui-même le surnom du premier mari de sa femme et se fit appeler Pierre Labé. Femme de lettres À la mort de sa femme, Pierre Charly, alias Pierre Labé, se remaria, et c’est de ce mariage que naquit Louise Labé. Celle-ci reprendra également le pseudonyme de son père et sera surnommée La Belle Cordière en raison du métier de son père, puis de son mari. Elle aurait été la femme d’Ennemond Perrin, riche marchand de cordes, qui possédait plusieurs maisons à Lyon et aurait trouvé dans la fortune de son mari un moyen de satisfaire sa passion pour les lettres : dans un temps où les livres étaient rares et précieux, elle aurait eu une bibliothèque composée des meilleurs ouvrages grecs, latins, italiens, espagnols et français. Elle aurait possédé des jardins spacieux près de la place Bellecour où elle aurait pratiqué l’équitation, sans toutefois monter son cheval en amazone. Avec Maurice Scève et Pernette du Guillet, Louise Labé appartient au groupe dit « école lyonnaise »,, bien que ces poètes n’aient jamais constitué une école au sens où la Pléiade en était une. La lecture de ses œuvres confirme qu’elle a collaboré avec ses contemporains, notamment Olivier de Magny et Jacques Peletier du Mans, autour de l’atelier de l’imprimeur Jean de Tournes. Elle écrit des poèmes à une époque où la production poétique est intense. La poésie française se donne alors des bases théoriques avec Du Bellay (Défense et illustration de la langue française, 1549) et se met en place avec Ronsard, Olivier de Magny, Pontus de Tyard, et d’autres, suivant le modèle de Pétrarque et d’auteurs anciens tels que Catulle et Horace, ou contre eux. Chez Louise Labé, on remarque l’influence d’Ovide, qu’elle connaît bien, qu’il s’agisse des Métamorphoses ou des œuvres élégiaques. En particulier, ses élégies paraissent influencées par les Héroïdes. Sa culture est aussi celle de la Renaissance italienne. Le Débat semble influencé en partie par la reconnaissance de la folie telle qu’elle apparaît dans l’Éloge de la Folie d’Érasme ; elle récrit à sa manière, comme beaucoup de ses contemporains, l’un des plus célèbres sonnets de Pétrarque, celui dont l’incipit est Solo e pensoso. Elle prend vigoureusement position contre la façon dont Jean de Meung achève le travail interrompu de son prédécesseur Guillaume de Lorris, en passant d’un récit mythique et symbolique à des descriptions bien plus terre à terre, et même sensiblement misogynes. Ce sera en pure perte : le Roman de la rose connaîtra un succès considérable. L’œuvre de Louise Labé, très mince en volume (662 vers), se compose d’un Débat de Folie et d’Amour (dans lequel Jean de La Fontaine a trouvé le sujet de l’une de ses fables, L’Amour et la Folie), de trois Élégies et de vingt-quatre sonnets, lesquels expriment les tourments féminins de la passion. Imposture poétique ? « Louise Labé est-elle le type même de la femme cultivée, connaissant le latin et l’italien, la musique et l’équitation, et tenant à Lyon un salon fréquenté ? Ou faut-il la considérer selon V.L. Saulnier comme une courtisane sans grande envergure ? » On ne connaît que très peu d’éléments de sa vie. Ceux que l’on peut lire sont parfois le fruit de l’imagination des critiques à partir de ses écrits : Louise Labé chevalier, Louise Labé lesbienne, Louise Labé lyonnaise, Louise Labé prostituée, etc. Certains spécialistes du XVIe siècle avancent une thèse audacieuse : Louise Labé ne serait qu’une fiction élaborée par un groupe de poètes autour de Maurice Scève (le nom de Louise Labé viendrait du surnom d’une prostituée lyonnaise, « La Belle Louise »). L’ouvrage de l’universitaire Mireille Huchon développe cette hypothèse. Daniel Martin a cherché à réfuter cette théorie dans son article « Louise Labé est-elle une créature de papier ? ». De même, Michel Jourde partage cet avis. Mireille Huchon affirme que, dans le portrait de Pierre Woeiriot, la présence d’une petite Méduse assimile Louise Labé à la créature mythologique (ce qui ne va pas de soi), on ne saurait en déduire que la décrire ainsi est « dévalorisant, à coup sûr ». « Le mythe de Méduse, prototype de la cruauté féminine, est souvent utilisé par les poètes pétrarquistes [...] depuis Pétrarque. Ronsard cherche-t-il à dévaloriser Cassandre dans les sonnets 8 et 31 des Amours ? » (p. 10) Daniel Martin conteste que le retrait de Jacques Peletier des Escriz dénonce une supercherie. Il fait remarquer (p. 27) qu’il « collaborait avec Jean de Tournes : il était aux premières loges pour avoir connaissance d’un projet aussi hardi de mystification. Comment aurait-il pu ignorer une supercherie dont on nous dit par ailleurs que tout le monde en était informé ? » Il fait en outre remarquer que, dans ses Opuscules, il publie un texte à la louange de Louise Labé. On trouvera dans cet article d’autres arguments (Les témoignages de Rubys et de Paradin ; le rôle de Maurice Scève). Aucun des arguments avancés n’emporte une conviction absolue. La thèse de Mireille Huchon en faveur de l’inexistence de Louise Labé a cependant reçu l’approbation de Marc Fumaroli dans Le Monde du 12 mai 2006. Poème Je vis, je meurs . Ce poème figure dans le recueil Les Élégies et sonnets publié en 1555 et qui comprend notamment 24 sonnets. Sonnet VIII Postérité et éloges Estreines, à dame Louïze Labé Éditions des œuvres Le recueil des œuvres de Louise Labé a été imprimé à Lyon par Jean de Tournes en 1555, in-12 disponible sur Gallica, et en 1556, in-16 disponible sur Gallica sous le titre Euvres de Louïze Labé Lionnoize. La troisième édition est celle de Lyon, 1762, petit in-8, sous le titre Œuvres de Louise Charly Lyonnoize, dite Labé, surnommée La Belle Cordière, complétée par des Recherches sur la vie de Louise Labé disponible sur Gallica. Charles Boy (dir.), Œuvres de Louise Labé, Alphonse Lemerre, 1887 (lire sur Wikisource) Poètes du XVIe siècle, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », Éditions NRF, 1969. Œuvres complètes, édition critique et commentée par Enzo Giudici, Genève, Droz, T.L.F., 1981, 256 p. Louise Labé, Œuvres complètes. Sonnets, Élégies, Débat de Folie et d’Amour, édition de François Rigolot, Paris, Flammarion, « GF », 1986. Louise Labé, Œuvres poétiques, Pernette du Guillet, Rymes, édition de Françoise Charpentier, Gallimard, « Poésie », 1986 Louise Labé, Œuvres complètes : Sonnets, Elegies, Débat de folie et d’amour, édition de François Rigolot, Paris, Flammarion, « GF », 2004. Les Œuvres complètes de Louise Labé, Cahiers Textuel, n° 28, 2005. Le Débat de Folie et d’Amour, Eliane Viennot (éd.), in Aurore Evain, Perry Gethner, Henriette Goldwyn (dir.), Théâtre de femmes de l’Ancien Régime, vol. 1, XVIe siècle, Saint-Etienne, Publications de l’Université, 2006 [orth. et ponctuation modernisées, format poche]. Bibliographie Irène Omélianenko, « Une vie, une oeuvre– Louise Labé (1524-1566), une artiste du Yunnan ? » [audio], sur France Culture Georges Tricou, Louise Labé et sa famille, Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, V, 1944. Madeleine Lazard, Louise Labé Lyonnaise, Paris, Fayard, 2004. Louise Labé 2005, études réunies par Béatrice Alonso et Eliane Viennot, Saint-Etienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2004. Daniel Martin, Isabelle Garnier-Mathez, Louise Labé. Débat de Folie et d’Amour, Élégies, Sonnets, Neuilly, Atlande, 2004. Daniel Martin, Signe(s) d’amante. L’agencement des Evvres de Louïze Labé Lionnoize, Paris, Champion, 1999. François Rigolot, Louise Labé Lyonnaise ou la Renaissance au féminin, Paris, Champion, 1997. Louise Labé. Les voix du lyrisme, textes réunis par Guy Demerson, Saint-Étienne et Paris, Publications de l’Université de Saint-Étienne-CNRS, 1990 Karine Berriot, Louise Labé. La Belle Rebelle et le François nouveau, Paris, Seuil, 1985. Michel Locatelli. Je suis... Louise Labé, Lyon, Jacques André éditeur, 2011. François Pédron, Louise Labé : La femme d’amour, Fayard, 1984. Enzo Giudici, Louise Labé, Paris, Nizet, 1981. (it) Enzo Giudici, Louise Labé e l’École lyonnaise, studi e ricerche con documenti inediti, avant-propos de Jean Tricou, Naples, Liguori Editore, 1964. Débat sur l’existence de Louise Labé Mireille Huchon, Louise Labé. Une créature de papier, Droz, 2006 [compte-rendu] Daniel Martin, « Louise Labé est-elle une créature de papier ? », Réforme Humanisme Renaissance, n°63, p. 7-37, déc 2006 [lire en ligne]. François Solesmes, « Louise Labé, “ créature de papier ” ? », compte rendu critique de l’ouvrage de Mireille Huchon, SIEFAR, déc. 2007 [lire en ligne].

Jean Cocteau Jean Cocteau

Jean Cocteau, né le 5 juillet 1889 à Maisons-Laffitte et mort le 11 octobre 1963 dans sa maison de Milly-la-Forêt, est un poète, graphiste, dessinateur, dramaturge et cinéaste français. Il est élu à l’Académie française en 1955. Comptant parmi les artistes qui ont marqué le XXe siècle, il a côtoyé la plupart de ceux qui ont animé la vie artistique de son époque. Il a été l’imprésario de son temps, le lanceur de modes, le bon génie d’innombrables artistes. En dépit de ses œuvres littéraires et de ses talents artistiques, Jean Cocteau insista toujours sur le fait qu’il était avant tout un poète et que tout travail est poétique. Biographie Jeunes années Jean Cocteau, de son nom complet Clément Eugène Jean Maurice Cocteau, est né en juillet 1889, dans la maison de son grand-père maternel, place Sully à Maisons-Laffitte dans une famille bourgeoise de Paris. Son père, Georges Alfred Cocteau, né le 8 juillet 1842 à Melun, avocat et peintre amateur, et sa mère, Marie Junia Émilie Eugénie Lecomte, née le 21 septembre 1855 à Maisons-Laffitte, se sont mariés le 7 juillet 1875 dans le 9e arrondissement de Paris. Son grand-père paternel, Athanase Cocteau (1798-1865) était notaire et maire de Melun, son grand-père maternel, Eugène Lecomte (1828-1906), agent de change et collectionneur d’art, son oncle maternel, Raymond Lecomte, diplomate. Son père qui vivait de ses rentes se suicide le 5 avril 1898 à Paris, Jean Cocteau portera longtemps cette blessure. Il a une grande sœur, Marthe (1877-1958) et un grand frère, Paul (1881-1961). Il découvre le théâtre et le cinéma à six ans. Dès l’âge de quinze ans, Cocteau quitte le cocon familial pour étudier au lycée Condorcet avec notamment comme camarade le vénéneux Pierre Dargelos qui exerce sur lui une véritable fascination. Manifestant peu d’intérêt pour les études, il est renvoyé du lycée pour indiscipline en 1904 et rate son baccalauréat deux fois. En 1908, le tragédien Édouard de Max organise au théâtre Femina une matinée poétique avec le premier récital des poésies du jeune Cocteau. Il publie son premier recueil de poèmes à compte d’auteur, « La Lampe d’Aladin » inspiré des Mille et Une Nuits, à 20 ans (1909) et devient alors connu dans les cercles artistiques bohème comme le « prince frivole ». C’est sous ce titre qu’il publie à 21 ans, en 1910, son second recueil de poèmes. Edith Wharton le décrit comme un homme pour qui « chaque grande ligne de la poésie était un lever de soleil, chaque coucher du soleil la base de la ville merveilleuse... » Il est également fasciné par le maître des ballets russes, Serge de Diaghilev et ses artistes principaux, le peintre Léon Bakst et le danseur Vaslav Nijinsky. La rencontre avec Diaghilev qu’il veut étonner marque la première crise dans la création coctalienne : il renie ses recueils de poèmes, pastiches assez ampoulés, et se rapproche de l’avant-garde cubiste et futuriste. De sa collaboration avec les artistes russes naissent Le Dieu bleu en 1912, avec des costumes et décors de Léon Bakst sur une musique composée par Reynaldo Hahn, puis Parade, ballet produit en 1917 avec des costumes et décors de Pablo Picasso et une musique composée par Erik Satie. Cette œuvre inspire à Guillaume Apollinaire le néologisme de surréalisme, repris ensuite par André Breton et Philippe Soupault pour la création de ce mouvement culturel. Cocteau collabore au mouvement dada et a une grande influence sur le travail des autres, dans le groupe même composé par ses amis, « Les Six » dont il devient le porte-parole. Ayant été réformé du service militaire, Cocteau décide néanmoins de participer à la guerre de 1914 comme ambulancier avec un convoi sanitaire civil. Adopté par un régiment de fusiliers marins, il vit à Dixmude, vole avec Roland Garros mais est rapidement démobilisé pour raisons de santé. Il rejoint Paris et reprend ses activités artistiques. Après le nécessaire temps de gestation, il écrira sur cette guerre l’un de ses meilleurs romans : Thomas l’Imposteur. Dans les années 1920, Cocteau s’associe avec Marcel Proust, André Gide et Maurice Barrès. Raymond Radiguet En 1918, Max Jacob lui présente le jeune poète Raymond Radiguet. Il exercera sur la courte carrière de ce dernier une influence prépondérante : Jean Cocteau aussitôt devine—« À quoi ? Je me le demande », écrira-t-il plus tard dans La Difficulté d’être—un talent caché. Enthousiasmé par les poèmes que Radiguet lui lit, Cocteau le conseille, l’encourage et le fait travailler ; il l’aide ensuite à publier ses vers dans les revues d’avant-garde, notamment dans Sic et dans Littérature. Les deux hommes entreprennent beaucoup de voyages ensemble. Toujours en admiration devant le talent littéraire de Radiguet, Cocteau promeut les travaux de son ami dans son cercle artistique, et s’arrange pour faire publier par Grasset Le Diable au corps (une histoire en grande partie autobiographique sur le rapport adultère entre une femme dont le mari est au front et un homme plus jeune), exerçant son influence pour recueillir le prix littéraire du « Nouveau Monde » pour le roman. En 1921, il collabore avec le Groupe des Six pour le livret argumentaire des Mariés de la Tour Eiffel, œuvre collective qui lance la nouvelle génération musicale en France dans le sillage d’Erik Satie qui en est le mentor. En 1921 également, Cocteau organise une rencontre entre Radiguet et un de ses amis, le secrétaire général du Quai d’Orsay, Philippe Berthelot. La réaction de Cocteau à la mort soudaine de Radiguet, en 1923, crée un désaccord avec certains proches qui déclarent qu’il l’a laissé désespéré, découragé et en proie à l’opium. Cocteau n’aurait même pas assisté à l’enterrement. Mais Cocteau n’assiste généralement pas aux enterrements. L’auteur quitte alors aussitôt Paris avec Diaghilev pour une représentation des « Noces » par les Ballets russes à Monte-Carlo. Cocteau, lui-même, qualifie beaucoup plus tard son attitude de « réaction de stupeur et de dégoût ». Son penchant pour l’opium à cette époque-là, Cocteau l’explique comme un simple hasard lié à sa liaison fortuite avec Louis Laloy, le directeur de l’Opéra de Monte-Carlo. La dépendance de Cocteau envers l’opium et ses efforts pour s’en sevrer auront une influence décisive sur son modèle littéraire. Son livre le plus connu, Les Enfants Terribles, est d’ailleurs écrit en une semaine, au cours d’un difficile sevrage. Cocteau et les Bourgoint C’est à l’hôtel Welcome à Villefranche-sur-Mer, où il réside, que Jean Cocteau lie connaissance avec la famille Bourgoint ; ils se sont connus à travers un ami commun, Christian Bérard, un peintre qui réalisa les décors des pièces de théâtre de Cocteau. Les Bourgoint avaient trois enfants, les jumeaux Maxime et Jeanne, et le cadet Jean. Jeanne et Jean Bourgoint revirent Cocteau en 1925. Jean Cocteau rencontre à Meudon, le 15 juin 1925 chez les Maritain, Charles Henrion. Ce disciple de Charles de Foucauld, vêtu d’un burnous blanc orné du Sacré-Cœur rouge, fait une grande impression sur Cocteau, qui se convertit. Le 19 octobre, Jean Cocteau communie, entouré de Jean Bourgoint et de Maurice Sachs. Ils se fréquentent jusqu’en 1929, date à laquelle Jeanne se suicide, laissant son frère démuni. La vie de Jeanne et de Jean Bourgoint impressionne tant Cocteau qu’il se met presque aussitôt à écrire leur histoire qui deviendra Les Enfants terribles. Maturité Dans les années 1930, Cocteau aurait eu une liaison avec la princesse Nathalie Paley, fille morganatique d’un grand duc de Russie, elle-même modiste, actrice ou modèle et ancienne épouse du couturier Lucien Lelong. Elle aurait été enceinte, mais la grossesse n’aurait pu être menée à son terme, ce qui plongea Cocteau et la jeune femme dans un profond désarroi. Cocteau évoque la fausse couche de Nathalie dans Le passé défini, et dit que cet avortement serait la conséquence d’une scène violente avec Marie-Laure de Noailles : « Elle est responsable de l’avortement de Nathalie ». Cependant, Cocteau ayant initié la princesse à l’opium, il se peut qu’il y ait eu des répercussions dues à cette drogue sur la grossesse. Dans les années 1930, Jean Cocteau expérimente avec le peintre Jean Crotti, qui est le mari de Suzanne Duchamp, le gemmail et c’est certainement à cette période que date sa relation avec Marcel Duchamp malgré l’opposition d’André Breton,. Vers 1933, Cocteau fait la connaissance de Marcel Khill qui devient son compagnon et joue, à sa création, le rôle du messager de Corinthe dans La Machine Infernale. Ils feront ensemble, en 1936, un tour du monde en 80 jours relaté par Jean Cocteau dans Tour du monde en 80 jours. Mon premier voyage (Éditions Gallimard). Cocteau entretient ensuite une relation de longue durée avec deux acteurs français, Jean Marais et Édouard Dermit, ce dernier officiellement adopté par Cocteau. Il aurait entretenu une relation avec Panama Al Brown, un boxeur dont il prend en charge la carrière à un moment donné. En 1940, Le Bel Indifférent, une pièce de Cocteau écrite pour Édith Piaf, est un énorme succès. Il travaille également avec Picasso et Coco Chanel sur plusieurs projets, est l’ami de la majeure partie de la communauté européenne des artistes, et lutte contre son penchant pour l’opium durant la plus grande partie de sa vie d’adulte. Alors qu’il est ouvertement homosexuel, il a quelques aventures brèves et compliquées avec des femmes. Son travail recèle de nombreuses critiques envers l’homophobie. Jean Cocteau joue un rôle ambigu durant la Seconde Guerre mondiale, les résistants l’accusent de collaboration avec les Allemands, une partie de son passé (1939-1944) reste mystérieuse. Jean Cocteau écrira dès le début de l’Occupation dans l’hebdomadaire collaborationniste « La Gerbe » créé par le célèbre écrivain breton Alphonse de Châteaubriant. En décembre 1940 il y lance une « adresse aux jeunes écrivains », sorte de message pour les jeunes Français les appelant à prendre part au « Nouvel Ordre européen ». Cocteau est d’ordinaire assez réservé quant à l’affirmation de son engagement politique. Pendant l’Occupation, il fait preuve d’un certain pacifisme (« L’honneur de la France, écrit-il dans son Journal du 5 mai 1942, sera peut-être, un jour, d’avoir refusé de se battre »), mais surtout, il n’hésite pas à accueillir Arno Breker, sculpteur officiel du troisième Reich, lors de son exposition à Paris, pendant l’été 1942. Leni Riefenstahl bénéficie de sa protection après la guerre pendant sept ans. —Philippe Burrin, La France à l’heure allemande, Seuil, 1995, p. 352 En 1941, la décision du préfet de police d’interdire sa Machine à écrire est annulée par la Propaganda Abteilung, soucieuse de ne pas trop museler la muse française. Reste qu’à la Libération, il est rapidement acquitté par le Comité national du cinéma et le Comité national des écrivains devant lequel il ne se présente pas, comités d’épuration devant lesquels il comparaît pour collaboration. À l’occasion d’un reportage sur les écrivains du Palais-Royal, Jean Cocteau fait la connaissance du photographe Pierre Jahan. En 1946, les éditions du Compas éditent La mort et les statues, ouvrage pour lequel Cocteau rédige les poèmes qui seront en regard des photos prises clandestinement, en décembre 1941, par Pierre Jahan sur les statues de bronze réquisitionnées par Vichy puis concassées pour soutenir l’effort de guerre allemand. Quelques immenses succès firent passer Cocteau à la postérité : Les Enfants terribles, Les Parents terribles de 1938, La Belle et la Bête. Devenu une référence cinématographique, il préside le jury du Festival de Cannes de 1953, puis celui de 1954. Au printemps 1950, Jean Cocteau est invité par Francine Weisweiller, l’épouse d’Alec Weisweiller, le riche héritier de la société Shell, à venir passer une semaine de vacances dans leur villa Santo Sospir, à la pointe de Saint-Jean-Cap-Ferrat. L’artiste commence bientôt par dessiner sur les murs blancs un Apollon au-dessus de la cheminée du salon ; encouragé par Matisse, il entreprend de décorer tout le reste de la maison où il se plaît tellement qu’il y reviendra pendant onze ans ; et de proche en proche, il décore ainsi entièrement la villa de fresques a tempera, de mosaïques et d’une tapisserie sur des thèmes de la mythologie grecque ou de la Bible, utilisant la couleur pour la première fois. Il y fait venir par la suite un grand nombre de célébrités, entre autres Picasso, Charlie Chaplin et Jean Marais qui s’initie à la peinture à l’huile. C’est par amitié pour Jean Cocteau que Francine Weisweiller baptise son yacht Orphée II. En 1960, l’artiste tourne Le Testament d’Orphée avec le soutien financier de François Truffaut. Parallèlement, il s’engage dans la défense du droit à l’objection de conscience, entre autres en parrainant le comité créé par Louis Lecoin, aux côtés d’André Breton, Albert Camus, Jean Giono et de l’abbé Pierre. Ce comité obtient un statut, restreint, en décembre 1963 pour les objecteurs. Il joue un rôle important dans la genèse du peintre Raymond Moretti dans les années 60 qui mènera celui-ci à côtoyer Pablo Picasso. Cocteau ne sera pas là pour s’en féliciter : en octobre 1963, apprenant le décès de son amie Édith Piaf, il est pris d’une crise d’étouffement et succombe quelques heures plus tard d’une crise cardiaque dans sa demeure de Milly-la-Forêt, le 11 octobre 1963 à l’âge de 74 ans. Cependant, Jean Marais déclare dans un entretien télévisé le 12 octobre 1963 : « Il est mort d’un œdème du poumon, son cœur a flanché. Il aimait beaucoup Édith mais je ne pense pas que ce soit la mort d’Édith qui ait provoqué la mort de Jean. ». Jean Cocteau vécut longtemps au Palais-Royal, 36 rue de Montpensier. Sa maison de Milly-la-Forêt, la Maison Cocteau, est devenue un musée, inauguré le 22 juin 2010. Il est enterré dans la Chapelle Saint-Blaise-des-Simples à Milly-la-Forêt (Essonne). Sur sa tombe, cette épitaphe : « Je reste avec vous. » En 1989, la ville de Villefranche-sur-Mer lui a rendu hommage, à l’occasion du centenaire de sa naissance, en inaugurant un buste de bronze dû à Cyril de La Patellière et placé face à la chapelle saint-Pierre qu’il avait décorée en 1957. En 2013, 50 ans après sa disparition, la Ville de Metz lui a rendu hommage pour son dernier chef d’oeuvre réalisé à l’Eglise Saint-Maximin de Metz (les vitraux), une place Jean Cocteau a été inaugurée à cette occasion à proximité de ce lieu cultuel. Œuvres * La Bibliothèque historique de la ville de Paris possède un fonds Jean Cocteau composé de manuscrits, correspondances ou encore photographies acquises en trois temps : l’achat d’une partie des manuscrits entre 1990 et 2002, l’achat de la bibliothèque de Cocteau à partir de 1995 et la donation Pierre Bergé en 2006. Pierre Bergé était l’ayant droit moral des œuvres de l’écrivain et président de la fondation Cocteau. Œuvres littéraires Poésie Romans et récits Théâtre, musique et ballet Poésie et critique Journaux Scénario (découpage technique) * 1983 : Le Testament d’Orphée (posthume). Éditions du Rocher (ISBN 2268 04757 1) Œuvres cinématographiques Réalisateur * Courts métrages * Longs métrages Scénariste Dialoguiste Directeur de la photographie * 1950 : Un chant d’amour réalisé par Jean Genet Acteur Poésies graphiques Céramiques (1957-1963) * Dans l’atelier de Madeleine Jolly et Philippe Madeline à Villefranche-sur-Mer, il crée plus de 300 céramiques et des bijoux. Durant la même période il dessine des poèmes-objets. * Il travaille sur engobe (mélange de barbotine et d’oxydes métalliques disposés sur les fonds) et invente le crayon d’oxyde pour donner à ses décors un aspect pastel. * Le catalogue raisonné d’Annie Guédras présente des photos couleurs et noir et blanc des céramiques créées par Jean Cocteau. * Durant la même période, il dessine des bijoux, parures et sculptures. Dessins et tableaux * 1938, Rêverie d’opium, dessin * 1952, Autoportrait à la veste jaune, huile sur toile Tapisseries * Jean Cocteau : « Il n’y a rien de plus noble qu’une tapisserie. C’est notre langue traduite dans une autre, plus riche, avec exactitude et avec amour. C’est un mélodieux travail de harpiste. Il faudrait les voir, nos harpistes, jouant sur les fils à toute vitesse, tournant le dos au modèle, allant le consulter, revenant jouer leur musique de silence. On s’étonne qu’un tel luxe existe à notre époque où le confort le remplace. Un jour avec Picasso, à l’Opéra, nous constatâmes que des œuvres médiocres prenaient de la grâce et du style, traduites dans cette langue. Mais lorsque texte original et traduction s’équilibrent, alors on s’émerveille de notre artisanat de France ». * « Les poésies de laine de Jean Cocteau », ainsi étaient nommées ses tapisseries et cet intitulé témoigne de son admiration pour l’art du tissage. Raymond Picaud tissera les premières tapisseries en partant des cartons dessinés par Cocteau à la manufacture d’Aubusson dans l’atelier qu’il dirige. De nos jours les tapisseries sont visibles dans certains musées et dans des galeries tels que la galerie Boccara spécialisée en tapis et tapisseries artistiques. Enregistrements discographiques * Colette par Jean Cocteau, discours de réception à l’Académie Royale de Belgique, Ducretet-Thomson 300 V 078 St. * Les Mariés de la Tour Eiffel et Portraits-Souvenir, La Voix de l’Auteur LVA 13 * 16 septembre 1963 : Derniers propos à bâtons rompus avec Jean Cocteau, enregistrés à Milly-la-Forêt, Bel Air 311035 * 1971 : Plain-chant par Jean Marais, extraits des pièces Orphée par Jean-Pierre Aumont, Michel Bouquet, Monique Mélinand, Les Parents terribles par Yvonne de Bray et Jean Marais, L’Aigle à deux têtes par Edwige Feuillère et Jean Marais, L’Encyclopédie Sonore 320 E 874 * 1984 : Coffret 3 vinyles Jean Cocteau comprenant La Voix humaine par Simone Signoret, 18 chansons composées par Louis Bessières par Bee Michelin et Renaud Marx, au double-piano Paul Castanier, Le Discours de réception à l’Académie Française, Jacques Canetti JC1 * 1989 : Hommage à Jean Cocteau, mélodies d’Henri Sauguet, Arthur Honegger, Louis Durey, Darius Milhaud, Erik Satie, Jean Wiener, Max Jacob, Francis Poulenc, Maurice Delage, Georges Auric, Guy Sacre, par Jean-François Gardeil (baryton) et Billy Eidi (piano), CD Adda 581177 * 1992 : Les Enfants terribles version radio, avec Jean Marais, Josette Day, Silvia Monfort et Jean Cocteau, 1 CD Phonurgia Nova/INA (ISBN 2908325071) * 1997 : Anthologie, 4 CD comprenant nombreux poèmes et textes dits par l’auteur, Anna la bonne, La Dame de Monte-Carlo et Mes sœurs, n’aimez pas les marins par Marianne Oswald, Le Bel indifférent par Édith Piaf, La Voix humaine par Berthe Bovy, Les Mariés de la Tour Eiffel avec Jean Le Poulain, Jacques Charon et Jean Cocteau, le discours de réception à l’Académie Française, des extraits des pièces Les Parents terribles, La Machine infernale, des pièces de Parade au piano à quatre mains par Georges Auric et Francis Poulenc, Frémeaux & Associés FA 064 * 1997 : Poèmes de Jean Cocteau dits par l’auteur, CD EMI 8551082 * 1998 : Le Testament d’Orphée, journal sonore, par Roger Pillaudin, 2 CD INA / Radio France 211788 Timbre postal * Marianne de Cocteau, 1960 Lieux et musées Lieux décorés par Cocteau sur la Côte d’Azur * Jean Cocteau a décoré la salle des mariages et le bureau du maire de l’Hôtel de ville de Menton. * Il a dessiné et peint « à fresque » les murs de la villa « Santo Sospir » à Saint-Jean-Cap-Ferrat dans laquelle il a aussi réalisé des mosaïques et une tapisserie. * Il a peint des fresques dans la chapelle Saint-Pierre de Villefranche-sur-Mer. * Il a décoré l’orchestra du théâtre en plein air de Cap d’Ail. * On peut voir des mosaïques et des fresques dans la chapelle Notre-Dame de Jérusalem à Fréjus réalisées par Édouard Dermit d’après les croquis de Cocteau. Milly-la-Forêt * Maison Jean Cocteau * Chapelle Saint-Blaise-des-Simples de Milly-la-Forêt, où se trouve sa tombe. Musées de Menton * Musée Jean Cocteau Collection Séverin Wunderman : Une donation de 1 800 œuvres (représentant 7,5 millions d’euros) a été offerte à la ville de Menton par ce collectionneur belge vivant à Los Angeles. Ce musée, inauguré en novembre 2011, devient ainsi la première et la plus importante ressource publique mondiale sur l’œuvre de Jean Cocteau. * Menton abrite aussi un autre musée Jean Cocteau dit musée du Bastion (œuvres de la période 1950 à 1963). Église Saint-Maximin de Metz : les vitraux * L’œuvre vitrailliste réalisée par Jean Cocteau à Metz constitue son dernier grand chef-d’œuvre achevé pour l’essentiel à titre posthume puisqu’il est décédé le 11 octobre 1963. C’est Edouard Dermit, son fils adoptif qui veillera à la pleine exécution du projet dessiné par Jean Cocteau. * Trois idées majeures permettent de caractériser l’originalité de son travail sur les vitraux (une œuvre-témoin de l’art du XXe siècle, une œuvre novatrice et prophétique et enfin une œuvre célébrant l’immortalité et l’au-delà ). C’est la première fois aussi qu’il développe de manière appuyée la figure de l’androgyne dans le vitrail central de l’abside (le vitrail de l’homme aux bras levés). * Ses rapports avec l’alchimie semblent également établis ainsi que son goût pour le biomorphisme et le totémisme dans la représentation de l’univers africain du transept sud (la baie du transept sud) * Sur le thème de l’immortalité développé dans les 24 fenêtres de cette petite église paroissiale, il n’a cessé d’utiliser la mythologie et notamment le personnage d’Orphée pour faire revenir à la vie les êtres chers et les rendre même immortels. * Comme à la suite du film Orphée de 1950, où il annonce déjà : «... L’homme est sauvé, La Mort meurt, c’est le mythe de l’immortalité ». Iconographie * Le musée Carnavalet conserve un portrait en pied de Jean Cocteau par Jacques-Emile Blanche, daté de 1913. Cette toile a été offerte au musée par Georges Mevil-Blanche en 1949. * En 1989, à l’occasion du centenaire de sa naissance, l’hôtel Welcome à Villefranche sur Mer, où descendait Cocteau, et les restaurateurs commandent au sculpteur Cyril de La Patellière un buste en bronze représentant Jean Cocteau. Placé face à l’hôtel Welcome à côté de la chapelle Saint-Pierre sur le port, sur le haut d’une ancienne pierre taillée en guise de socle et provenant de la citadelle de Villefranche, ce buste a été inauguré le 5 juillet 1989 en présence du sculpteur, d’Edouard Dermit, de Jean Marais, de Charles Minetti (commanditaire du projet), du directeur de l’hôtel Welcome. Sur le socle est écrit cette phrase du poète : « Quand je vois Villefranche, je revois ma jeunesse, fassent les hommes qu’elle ne change jamais ». Un tiré à part de ce buste par le même sculpteur se trouve au Musée Cocteau de Menton (le Bastion), commandé par Hugues de La Touche, ancien conservateur des musées de Menton[réf. nécessaire]. Récompenses et distinctions * En 1955, Cocteau était membre de l’Académie française et de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique[réf. nécessaire]. * Dans sa vie, Cocteau fut commandeur de la Légion d’honneur, membre de l’Académie Mallarmé, de l’Académie allemande, de l’American Academy, de la Mark Twain Academy, président d’honneur du Festival du film de Cannes, président d’honneur de l’Association France-Hongrie, Président de l’Académie du jazz et de l’Académie du Disque. Hommages * 1962, Jean Cocteau s’adresse à l’an 2000, document INA. * 1964, Portrait souvenir, document INA. * 1983, Jean Cocteau : Autoportrait d’un inconnu, documentaire réalisé par Edgardo Cozarinsky. Montages d’archives sonores et d’archives filmées, d’extraits de films, à la quête de Jean Cocteau, du poète, du peintre, de l’homme de théâtre et de cinéma, du baladin à la fois public et secret. * 2013, Jean Cocteau, je reste avec vous, documentaire réalisé par Arnaud Xainte. Portrait d’un inclassable, à l’honneur à la Cinémathèque française à l’occasion du 50e anniversaire de sa disparition. * 2013, Cocteau-Marais, un couple mythique, documentaire réalisé par Yves Riou et Philippe Pouchain. * 2013, Opium, film réalisé par Arielle Dombasle. Les références Wikipedia – https ://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Cocteau

François Coppée François Coppée

François Édouard Joachim Coppée, né le 26 janvier 1842 à Paris1 où il est mort le 23 mai 1908, est un poète, dramaturge et romancier français. Coppée fut le poète populaire et sentimental de Paris et de ses faubourgs, des tableaux de rue intimistes du monde des humbles. Poète de la tristesse à la vue des oiseaux qui meurent en hiver (La Mort des oiseaux), du souvenir d'une première rencontre amoureuse (« Septembre, au ciel léger »), de la nostalgie d'une autre existence (« Je suis un pâle enfant du vieux Paris ») ou de la beauté du crépuscule (« Le crépuscule est triste et doux »), il rencontra un grand succès populaire. Biographie Il naît à Paris au 2, rue de l'Abbé-Grégoire. Son père était un fonctionnaire et il eut une mère très attentive. Après être passé par le lycée Saint-Louis il devint employé de bureau au ministère de la Guerre et s'attira bientôt les faveurs du public comme poète de l'école parnassienne. Ses premiers vers imprimés datent de 1864. Ils furent réédités avec d'autres en 1866 sous la forme d’un recueil (Le Reliquaire), suivi (1867) par Intimités et Poèmes modernes (1867-1869). En 1869 sa première pièce, Le Passant, fut reçue avec un grand succès au théâtre de l’Odéon et par la suite Fais ce que dois (1871) et Les Bijoux de la délivrance (1872), courts drames en vers inspirés par la guerre, furent chaleureusement applaudis. Son poème le Défilé fut dédié à sa sœur Annette en 1869. Après avoir occupé un emploi à la bibliothèque du Sénat, Coppée fut choisi en 1878 comme archiviste de la Comédie Française, poste qu'il assuma jusqu'en 1884. Cette année-là, son élection à l'Académie française l’amena à se retirer de toutes les charges publiques. Il continua à publier à intervalles rapprochés des volumes de poésie, parmi eux Les Humbles (1872), Le Cahier rouge (1874), Olivier (1875), L'Exilée (1876), Contes en vers etc. (1881), Poèmes et récits (1886), Arrière-saison (1887), Paroles sincères (1890). Dans ses dernières années, il produisit moins de poésie, mais publia encore deux volumes, Dans la prière et la lutte et Vers français. Il avait acquis la réputation d’être le poète des humbles. Outre les pièces mentionnées ci-dessus, deux autres écrites en collaboration avec Armand d'Artois et quelques petites pièces d'importance mineure, Coppée écrivit Madame de Maintenon (1881), Severo Torelli (1883), Les Jacobites (1885) et d'autres drames sérieux en vers, dont Pour la couronne (1895), qui fut traduit en anglais (For the Crown) par John Davidson et représenté au Lyceum Theatre en 1896. La représentation d'un bref épisode de la Commune, Le Pater, fut interdite par le gouvernement (1889). Le premier récit en prose de Coppée, Une idylle pendant le siège, parut en 1875. Il fut suivi par différents volumes de nouvelles, par Toute une jeunesse (1890) où il essayait de reproduire les sentiments, sinon les souhaits réels, de la jeunesse de l'auteur, Les Vrais Riches (1892), Le Coupable (1896), etc. Il fut fait officier de la Légion d'honneur en 1888. La réimpression d’une série d'articles brefs sur des sujets divers, intitulée Mon franc-parler, parut de 1893 à 1896 ; en 1898 vint La Bonne Souffrance, le résultat de son retour à l'Église catholique, qui lui valut une grande popularité. La cause immédiate de son retour à la foi fut une grave maladie qui le fit deux fois approcher de la mort. Jusqu’alors il avait manifesté peu d'intérêt pour les affaires publiques, mais il rejoignit la section la plus exaltée du mouvement nationaliste, en même temps qu’il continuait à mépriser le système de la démocratie. Il prit une part importante aux attaques contre l’accusé dans l'affaire Dreyfus et fut un des créateurs de la fameuse Ligue de la patrie française fondée par Jules Lemaitre et sa maîtresse, Madame de Loynes et où il retrouve un ami, Paul Bourget, déjà croisé lors des dîners des Vilains Bonshommes et dont il est parrain lorsque ce dernier entre à l'Académie française. Il mourut à Paris au 12, rue Oudinot et fut inhumé au cimetière du Montparnasse. Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/François_Coppée

Casimir Delavigne Casimir Delavigne

Casimir Jean François Delavigne, né le 4 avril 1793 au Havre et mort 11 décembre 1843 à Lyon, est un poète et dramaturge français. Delavigne connaît la célébrité lorsque, après la défaite de Waterloo, il publie ses Premières Messéniennes. « Les pleurs qu’il répandit sur les généreuses victimes de Waterloo, l’anathème qu’il prononça contre les spoliateurs de nos musées, et les sages conseils qu’il donna à ses compatriotes sur le besoin de s’unir contre l’étranger, tous ces sentiments exprimés en vers énergiques, trouvèrent en France des milliers d’échos et rendirent le nom de l’auteur aussi populaire que s’il s’était signalé depuis longtemps »[réf. nécessaire]. Ses origines Son père, Louis-Augustin-Anselme Delavigne, était arpenteur géographe des forêts du Roi. La chute de Louis XVI entraîne aussi celle d’Anselme, fonctionnaire royal. En 1793, la famille prend la route du Havre, où Anselme Delavigne devient armateur avec ses deux frères, Jean-Fortuné et César-Casimir. À cette époque se crée une importante liaison maritime, l’Angleterre recevant son lot d’émigrés. Lorsque la Révolution vacille sur ses arrières, quelques-uns de ceux-ci repassent la Manche pour aller rejoindre Bonchamps et La Rochejaquelein en Vendée. À ce petit jeu fort profitable (il en coûte des fortunes aux passagers), Anselme risque gros. On l’arrête et le 5 avril 1793, jour de la naissance de Casimir Delavigne, son père est au fond d’un cachot. Dans ce monde de bourgeoisie havraise, son épouse trouve une demoiselle Devienne, poétesse, artiste dramatique et confidente des Delavigne pour s’entremettre et intervenir auprès de Robespierre. Anselme se sort discrètement de ce mauvais pas et devient ce négociant estimé de ses concitoyens comme le rapporte la chronique du temps, Le Mercure de Londres, paru en 1834. Après cette entreprise, en 1808, Anselme se lance dans la faïencerie, il fabrique dans son entreprise des assiettes et des plats décoratifs mais, en 1816, les affaires sont si désastreuses qu’il ferme la fabrique. Les années d’enfance Son biographe et frère a écrit : « Il naquit au Havre le 5 avril 1793, au numéro 27 du quai Sollier dans le vieux quartier Saint-François. Il était fils d’un négociant justement considéré, son enfance ne présentait rien de remarquable. Malgré son esprit vif, il ne triompha qu’avec peine de ses premières études ». Il apprend à lire et à compter dans sa ville du Havre auprès de l’abbé Trupel puis en 1801 Casimir rejoint son frère au lycée Henri-IV, il n’a alors que 8 ans. On trouve aujourd’hui un buste de Casimir Delavigne au lycée Henri-IV. Dans ces années, il se fait remarquer—note son frère—par la bonté de son caractère et son application à l’étude. C’est à quatorze ans que ses facultés se développent. Bon écolier, son goût pour la poésie se révèle. Sur les bancs du collège il se lie d’une rare amitié avec Eugène Scribe. Ensemble ils forment des plans d’avenir. Casimir veut être poète. Scribe se destine au barreau ; il deviendra un célèbre auteur dramatique et compositeur d’opérettes aujourd’hui oubliées. En l’absence de sa famille havraise, jeune homme, Casimir est reçu, les jours de liberté, par son oncle Andrieux, avoué à Paris, un ami de Crébillon qui aime et cultive les belles lettres. Casimir lui ayant soumis ses premiers vers, il lui prédit les plus amers désappointements et l’encourage surtout à « se disposer à faire son droit ». Poème pour la naissance du roi de Rome Alors qu’il est encore élève, la naissance du roi de Rome lui offre l’occasion de se faire remarquer. Il compose un « dithyrambe, renfermant des beautés poétiques de l’ordre le plus élevé, écrit son frère. Son oncle Andrieux, juge si bien la chose qu’il lui promet alors une carrière et de véritables succès. Cet encenseur de Napoléon Ier, n’est pourtant pas un foudre de guerre. Il est dispensé de service militaire, réformé, en raison d’une légère surdité qui par la suite disparaîtra complètement. Ce poème fameux, remarqué à la cour, par le comte Antoine Français de Nantes, alors directeur des Droits réunis (contributions indirectes), lui permet de trouver dans ses services un asile, sous couvert d’un petit emploi. Il entre dans son bureau en 1813, sa seule obligation étant de s’y présenter à chaque fin de mois. Il s’efforce de mériter cette bienveillance par ses succès. Auteur d’un poème épique Charles XII à Narva, l’Académie lui remarque un esprit sage, de brillantes qualités, et lui accorde une mention honorable. Rue des Rosiers, au coin de la rue Pavée, la colonie Delavigne est réunie. Germain, son frère et Casimir sont devenus soutiens de famille. Leur père Anselme est ruiné, son épouse (Meyotte), sa fille Louise et le petit Fortuné, étudiant au lycée Napoléon, l’accompagnent. En outre, la tante Aupoix, sœur d’Anselme accompagnée de ses deux serviteurs noirs, Rose et César, qui l’ont accompagnée depuis Saint-Domingue, a trouvé, elle aussi, refuge chez ses neveux. Même la nourrice du poète, la vieille Babet, a suivi la famille depuis le Havre. La découverte de la vaccine L’année suivante, en 1814, le sujet académique imposé est « La découverte de la Vaccine ». Il tente une nouvelle fois la fortune. Il rencontre chez le comte Français le docteur Parisot, secrétaire perpétuel de l’Académie royale de médecine. Parisot, qui fait lui-même de bons vers, lui donne les explications les plus précises et ils vont même de compagnie vacciner dans les campagnes proches de Paris. Quelques vers techniques consciencieux donnent avec un rare bonheur les effets de ces vaccins. Ces vers seront alors extrêmement appréciés et dans les livres scolaires de littérature choisie, ces vers étaient encore présents jusqu’en 1950. Voici 14 des 218 vers que contient le poème : « Par le fer délicat dont le docteur arme ses doigts, Le bras d’un jeune enfant est effleuré trois fois. Des utiles poisons d’une mamelle impure, Il infecte avec art cette triple piqûre. Autour d’elle s’allume un cercle fugitif, Le remède nouveau dort longtemps inactif. Le quatrième jour a commencé d’éclore, Et la chair par degrés se gonfle et se colore. La tumeur en croissant de pourpre se revêt, S’arrondit à la base, et se creuse au sommet. Un cercle, plus vermeil de ses feux l’environne ; D’une écaille d’argent l’épaisseur la couronne ; Plus mûre, elle est dorée ; elle s’ouvre, et soudain Délivre la liqueur captive dans son sein ».Le ton, considéré comme trop didactique, l’empêche d’avoir le prix, mais d’un suffrage unanime, l’Académie lui décerne un accessit. Les trois premières Messéniennes Cependant les désastres de l’Empire avaient commencé et c’est avec une profonde douleur qu’il assiste à la chute de l’empereur et à l’invasion de la France. Après la funeste bataille de Waterloo, en juillet 1815, il publie ses premières Messéniennes : Waterloo, Les Malheurs de la guerre, puis Jeanne d’Arc et La Mort de Jeanne d’Arc. Les armées étrangères occupaient la France, les bons citoyens déploraient que leur pays fût ainsi mis hors de combat après 25 années de victoires. Le poète prend sa lyre et chante les vaincus. Il se fait courtisan des braves de la Vieille Garde. Dès lors, il mérite d’être appelé le poète national, le poète de la patrie. Il exprime, avec verve et enthousiasme, les regrets qui sont au fond des cœurs. Il fait acte de courage en se déclarant contre les vainqueurs. Quand il voit le musée du Louvre dévasté par les envahisseurs étrangers, ses statues emportées comme butins de guerre, il proteste avec éloquence contre ces abus de la victoire et adresse de touchants adieux à ces merveilles des arts. Comme citoyen, il rappelle fièrement aux étrangers que s’ils pouvaient emporter des statues, ils n’emporteraient pas nos titres de gloire. Bientôt les armées étrangères quittent le pays mais les rivalités de partis, l’avidité des faux serviteurs menacent les libertés renaissantes, alors celui qui avait rendu hommage aux morts de Waterloo fait un appel à l’union, celui qui sortait des bancs universitaires gourmande les partis avec une sagesse précoce. Son dernier adieu aux armées qui évacuent le sol français est un hymne à la concorde qui rend les peuples invincibles. Les livres second et troisième des Messéniennes confortent la popularité de l’écrivain, ils abordent l’histoire de la Grèce antique, Christophe Colomb, et des événements qui relatent la vie de ce début du XIXe siècle. La chute de l’empereur que Casimir Delavigne avait résumé ainsi : « Napoléon a oublié ses origines. Fils de la Liberté (1789) tu détrônas ta mère ». Le comte français est naturellement éloigné des affaires et Casimir perd son « emploi ». Le baron Pasquier, alors garde des Sceaux et chancelier de France, lit avec émotion le poème sur l’exil de Napoléon Ier, et le fait lire au roi qui le trouve très beau. Il fait appeler l’auteur et crée pour lui la place de bibliothécaire de la chancellerie. Les Vêpres siciliennes Libre de son temps et sécurisé par son emploi, toujours dans le genre héroïque, Casimir écrit en 1818 les Vêpres siciliennes, dont il sollicite la lecture au Théâtre-Français. Après deux ans d’attente, l’ouvrage est enfin écouté avec la défiance et la défaveur qu’accueille, ordinairement le coup d’essai d’un jeune homme. Un seul comédien, Thénard, trouve l’ouvrage intéressant et déclare : « J’y trouve la preuve que l’auteur un jour écrira très bien la Comédie ». La pièce est reçue mais à correction. Un an plus tard cette prédiction se réalise, bien que Casimir ait réclamé ensuite et obtenu une seconde lecture dont le résultat sera le refus définitif. L’aréopage appelé à se prononcer sur le mérite de la tragédie ne l’admet qu’à condition que l’auteur n’exige jamais qu’elle soit jouée. Une des dames qui siège au nombre des juges se montrera plus sévère que les autres, elle donne pour raison de son refus qu’il serait scandaleux de mettre le mot vêpres sur une affiche de spectacle. C’est à cette époque que Victor Hugo écrit dans la Gazette du Théâtre : « Casimir Delavigne – Comme auteur tragique, il a du mouvement et manque de sensibilité. Comme auteur comique a de l’esprit et point de gaieté ». Jugement sévère. Trois mois plus tard, Les Comédiens sont écrits, la plus vive et la plus gaie des comédies de l’époque. Elle sera jouée jusqu’en 1861. En 1818, l’Odéon ayant brûlé, le duc d’Orléans, le futur roi des Français (Louis-Philippe) fait reconstruire la salle et lui accorde le privilège de Second Théâtre-Français. Un comité de lecture de gens de lettres reçoit alors avec la plus grande ferveur les Vêpres siciliennes et l’on décide, que parmi tous les ouvrages reçus, celui-ci serait le premier joué au théâtre de l’Odéon. La première représentation a lieu le 23 octobre 1819, c’est un triomphe, la pièce attire une affluence considérable durant trois cents représentations successives, confirmant ainsi la qualité du poète et le choix du comité de lecture. Le théâtre encaisse plus de 400 000 francs lors des 100 premières représentations, somme considérable à cette époque. Le duc d’Orléans le fait bibliothécaire du Palais-Royal En 1821, pendant qu’il poursuivait sa carrière laborieuse avec Le Paria, les événements politiques marchaient très vite. Le ministre n’était plus le même, et comme le caractère indépendant et l’amour de la patrie du poète ne pouvaient convenir aux nouveaux agents du pouvoir, la place de bibliothécaire fut supprimée. Le duc d’Orléans, apprenant ce coup, lui offrit la place de bibliothécaire du Palais-Royal en lui écrivant : « Le tonnerre est tombé sur votre maison, je vous offre un appartement dans la mienne ». Casimir accepta avec reconnaissance. Le 15 décembre 1824, il acquiert une grande bâtisse blanche, construite une dizaine d’années auparavant, admirablement située sur une pente douce menant à la Seine, « La Madeleine », appartenant au général d’Empire Joseph François Dominique de Brémond (1773-1852). Ce bien était chargé d’histoire, car il avait appartenu au XIIe siècle au petit-fils de Richard de Vernon, Adjutor qui devint saint Adjutor, patron des mariniers. Il y fonda un lieu de prière sur lequel les moines bénédictins bâtirent un prieuré. Ce prieuré subsista jusqu’à la Révolution française. C’est sur les ruines de ce prieuré que le général de Brémond bâtit sa superbe demeure. Il y vint souvent, soit qu’il voulut trouver calme et solitude pour travailler, soit qu’il y vint chercher un lieu de repos. Scribe et son frère Germain, qui écrivaient ensemble, s’y installaient pour achever un vaudeville ou un livret d’opéra. Seul, Fortuné, le cadet fort discret n’y vint jamais, retenu par sa charge d’avoué à Paris. Bien que son amour pour la France, une grande fermeté de caractère jointe à une éloquence naturelle et une rectitude de jugement lui eussent permis de jouer un rôle utile et brillant dans les affaires du pays, il s’y refusa constamment, convaincu que les lettres, comme la politique, exigeaient un homme entier. Il refusa ainsi d’entrer à la chambre des députés, qui lui fut offert d’abord par la ville du Havre et ensuite par la ville d’Évreux. L’École des vieillards À ses yeux le plus sûr moyen de gagner les suffrages qui lui manquaient était d’écrire et de publier un titre nouveau. Ce fut L’École des vieillards, pour lequel il s’inspira de la pièce d’Alberto Nota, Les Premiers pas vers le mal. Cette pièce atteste un progrès réel de son auteur, et un critique en 1825 peut écrire dans le Mercure de Londres : « Vu du côté moral, elle offre une leçon utile à la vieillesse, sans l’immoler à la risée publique, sans acheter d’applaudissements aux dépens d’un âge qu’on ne saurait trop respecter ». Une revue des gens de lettres de 1834 la trouva moins originale que les œuvres de Béranger ou Lamartine, mais lui accorda « un talent si pur et si étendu qu’il peut se prêter avec grand succès à l’innovation littéraire ». Une réconciliation s’opéra avec les responsables du Théâtre-Français où l’École des vieillards attira un fidèle public. Au lendemain de l’École des vieillards, Casimir Delavigne est un homme célèbre que les jeunes poètes sont fiers de consulter. En 1825, l’Académie française se décida à ouvrir ses portes au poète que le public du théâtre de l’Odéon semblait avoir adopté. Elle le dédommagea de sa longue attente après les deux tentatives infructueuses. La première fois, il avait pour rival le célèbre Mgr Frayssinous, évêque d’Hermopolis. Son deuxième concurrent fut l’archevêque de Paris, Mgr de Quélen. Lorsque des amis vinrent encore conseiller à Casimir Delavigne de se remettre sur les rangs, il repoussa leur offre, disant avec esprit : « Non, cette fois on m’opposerait le pape ». Pourtant, il finit par accepter de tenter sa chance au fauteuil du comte Ferrand. Son élection fut grandiose, obtenant 27 voix sur 28. Il ne participa que rarement à ces réunions de la société des gens de lettres. Il y soutint la candidature de Lamartine contre celle de Victor Hugo. Charles X lui accorda une pension de 1 200 francs. Mais celui-ci la refusa comme la Légion d’honneur que Monsieur de La Rochefoucault lui offrait au nom du roi, n’ayant semble-t-il pas confiance dans l’orientation politique du gouvernement mis en place, en raison d’une sévère restriction des maigres libertés accordées. Il préféra rester indépendant d’un pouvoir qu’il pouvait être amené à combattre. Voyage en Italie Un travail assidu compromit une santé déjà affaiblie. Les médecins ordonnèrent un voyage en Italie. Pendant ce périple dans le berceau des arts, il obtint un véritable triomphe tant il reçut de témoignages d’admirateurs. Pendant ces trois mois passés à Naples, il se refit une santé. Il visita Rome et Venise. C’est dans cette cité qu’il conçut la tragédie Marino Faliero. Pendant cet agréable séjour en Italie, il rédigea sept nouvelles Messéniennes. La première de Marino Faliero fut donnée au théâtre de la Porte-Saint-Martin le 30 mai 1829. Il rencontra à Rome, en 1826, sa future épouse, Élise de Courtin. Élevée au pensionnat d’Écouen chez Mme Campan, elle avait été remarquée par l’empereur Napoléon Ier. Abandonnée par ses parents elle voulut s’empoisonner. La reine Hortense, mère du futur Napoléon III, elle aussi ancienne élève d’Écouen, émue par la situation de cette orpheline en fit sa protégée. Au fil des ans, la jeune fille devint sa lectrice et sa compagne préférée. Casimir entretint une correspondance assidue avec la jeune Élise d’un an plus âgée que lui. Il dut attendre trois ans le consentement de sa jolie conquête. Dès son retour à Paris, il offrit aux Parisiens une nouvelle œuvre, La Princesse Aurélie, spirituelle comédie qui ne connut qu’un bref succès. Un jeune poète que Casimir avait encouragé, écrivit maladroitement, dans un hebdomadaire, un article satirique dirigé contre Charles X. Le nommé Fonta, arrêté et jugé, fut jeté en prison. Casimir qui avait blâmé la violence de l’article fut profondément affligé par la rigueur de la peine : cinq années de prison, enfermé, avec des escrocs et des voleurs. La libération de ce garçon, fut l’occasion d’une campagne et d’une demande de Casimir auprès du ministre de l’intérieur puis du préfet « Mariguin ». Il reçut un accueil sévère. Le préfet qui l’avait écouté lui dit : « Nous sommes forts, Monsieur, nous ne craignons rien, il faut que justice se fasse ». Malgré ses efforts il ne put rien obtenir. Hymne à la gloire du peuple de Paris Quelques mois après, la Révolution de Juillet, en 1830, il prouva combien était factice la force sur laquelle le régime de Charles X s’appuyait. Cette nouvelle vint surprendre Casimir à la campagne, à « la Madeleine » de Pressagny-l’Orgueilleux. Rentré à Paris, il lui fut demandé de composer un hymne à la gloire du peuple. Il composa La Parisienne pour chanter ses concitoyens morts pour la patrie pendant la Révolution de Juillet. Ce chant populaire eut une grande vogue. Cette marche nationale favorable à la famille d’Orléans comportait sept couplets avec ce refrain : « En avant, marchons Contre les canons ; À travers le fer, le feu des bataillons, Courons à la victoire. (bis) » Il se rendit à Neuilly chez le duc d’Orléans (le châtelain de Bizy) qui avait été son protecteur, et qui était devenu lieutenant général du Royaume. Casimir Delavigne se précipitait ainsi au-devant de la réussite. Il fut d’ailleurs, toujours en excellent termes avec ses voisins de l’autre rive de la Seine, et souvent reçu aussi au château de Saint-Just qui, après avoir connu des propriétaires successifs (le chevalier Suchet, puis son frère le maréchal duc d’Albuféra) en 1831, devint le domaine d’un monsieur Lopez avec qui il sympathisa. La Révolution de 1830 accomplie, Casimir reprit sa tragédie Louis XI, interrompue depuis la mort de l’acteur Talma. Selon certains critiques, ce fut le chef-d’œuvre de Casimir Delavigne, tant les portraits des personnages sont nuancés et fidèles aux mœurs du temps. La première représentation eut lieu le 11 février 1832. Mais le public n’était plus réceptif à ce genre d’œuvre théâtrale. Victor Hugo avait triomphé avec Hernani. Il avait supplanté Casimir dans le cœur des Français. Pourtant sa tragédie Louis XI, après l’épidémie de choléra que connut Paris, connaît un nouveau succès. Son mariage Le 1er novembre 1830, Casimir Delavigne contracta mariage avec Élise de Courtin ; elle devait bientôt lui donner un fils, ce qui rendit son bonheur complet. Son frère Germain épousa le même jour Mademoiselle Letourneur. Ils se marièrent à minuit à l’église Saint-Vincent-de-Paul. « Nous nous marions tous deux jeudi soir, dirent-ils au roi. –Ah ! – À la même heure. –Ah ! –Dans la même église. –Ah ! Et avec la même femme ? » Ce fut une joie pour la reine Hortense que cette union de sa fille d’adoption avec le poète pour lequel elle avait tant de sympathie. Germain obtint, en 1832, le poste de conservateur du Mobilier de la couronne et directeur des Menus Plaisirs du roi. Cette promotion lui permit d’installer toute sa famille au no 2 de la rue Bergère. Casimir, de retour à la Madeleine en compagnie d’Élise, qui lui avait donné un fils dont l’existence est souvent évoquée dans ses tendres soucis, y travaillait abondamment. Il avait fait planter un marronnier qui reflétait pour lui les préoccupations de son épouse au travers de son feuillage plus ou moins fourni au cours des saisons. Serait-il encore identifiable dans le parc actuel ? Il écrivait alors, sur une trame due à Shakespeare Les Enfants d’Édouard. La pièce, le matin de la première, le 18 mai 1833, fit l’objet d’une interdiction. Il reçut un accueil défavorable auprès du ministre de l’Intérieur, Adolphe Thiers, mais, après une courte discussion devant le roi, l’interdiction fut levée. Louis-Philippe qui ne pouvait être présent à la représentation le félicita par un court billet qui commençait ainsi : « J’apprends avec grand plaisir, mon cher Casimir, le succès de votre pièce et je ne veux pas me coucher sans vous avoir fait mon compliment… » On comprend mieux l’attachement du poète à la réussite de Louis-Philippe. Les dernières années de sa vie La douloureuse maladie du foie, soignée au cours de son voyage en Italie recommençait à altérer les jours de Casimir. Il éprouvait de violentes douleurs. Les médecins ne jugeaient pas ce mal comme pouvant nuire à sa vitalité. Ce fut au milieu de douleurs presque continuelles qu’il écrivit Don Juan d’Autriche, comédie pleine de verve, qui ne lui fit pas moins honneur que ses grandes tragédies. La première fut donnée le 17 octobre 1835 et six mois plus tard, le 19 avril 1836, un acte en vers : Une famille au temps de Luther qui n’eut pas beaucoup de succès. Il se rendit, assez désespéré, à sa retraite charmante de Normandie, « la Madeleine », où depuis 1830 il passait tous ses étés. Il aimait beaucoup cette vaste demeure, et sa vue imprenable sur les îles de la Seine. Là, il espérait trouver un peu de soulagement. Il entreprit une œuvre qu’il préférait à tous ses ouvrages : La Popularité, comédie de mœurs en cinq actes et en vers. Après plusieurs retards, la pièce fut représentée le 1er décembre 1838. Elle ne fit que de maigres recettes ; le public était las de Casimir Delavigne. Le 20 janvier de l’année suivante paraît une nouvelle tragédie, La Fille du Cid. Elle n’eut pas un sort plus heureux, le succès fut sans durée. C’est à la fin de cette période douloureuse de l’automne 1839, qu’il dut vendre sa chère Madeleine avec tant de regrets. « Je n’ai point de fortune », écrit-il en 1833, et c’est vrai. À ses ennuis de santé, se sont ajoutés ceux d’argent et, le 9 août 1839, il est contraint d’abandonner « la Madeleine ». La propriété fut vendue 90 750 francs. Quelle tristesse pour le poète, qui écrit alors : « Adieu Madeleine chérie, Qui te réfléchis dans les eaux, Adieu ma fraîche Madeleine ! Madeleine, adieu pour jamais ! Je pars, il le faut, je cède ; Mais le cœur me saigne en partant. » Le poème complet comporte 11 strophes de 8 vers. Il a probablement été rédigé au château de Saint-Just, chez son ami Lopez. Les deux façades de ces demeures sont en vis-à-vis : la Madeleine sur la rive droite de la Seine et Saint-Just sur la rive gauche. Il rentra à Paris pour y suivre l’éducation du fils qui lui était né 9 ans auparavant, et surtout en raison de sa ruine. À cette époque, une descendante du grand Pierre Corneille, que le défaut de fortune plaçait dans de grandes difficultés, vint solliciter un prêt de 500 francs. Casimir ne les avait pas. Il ne put que la rassurer et l’adresser sur-le-champ au duc d’Orléans, « Ce prince universellement aimé et dont la disparition fut une calamité publique », écrivit son frère Germain. Le jour même, la somme demandée fut accordée. Mais ce devait être sa dernière intervention et bonne action. La dernière tragédie à laquelle il travaillait semble bien pressentir sa mort, il écrivait : « Mes jours sont pleins, et bons à moissonner. Dieu qui me les compta pouvant moins m’en donner : les reprendre est son droit… » À partir de ce moment, sa santé déjà si altérée continuait à décliner, malgré les soins empressés du docteur Horteloup. Lorsque Casimir fut surpris par la mort, quatre actes de la tragédie Mélusine étaient écrits, dans un genre tout à fait nouveau, et dont le sujet admettait toutes les richesses de la poésie. Depuis qu’il avait vendu « la Madeleine », il passait tous les ans la belle saison à Paris. Scribe, son ami de toujours, qui connaissait son goût pour la campagne et qui espérait qu’il pourrait y trouver quelques soulagements, lui offrit sa charmante maison du Montalais, à Saint-Jean-Lespinasse dans le Lot. Casimir s’y établit et trouva là quelques douceurs pendant trois mois. Quand il revint à Paris, il sentit qu’il ne pourrait résister à la saison, et il retourna chercher un climat plus doux dans le midi. Il se décida à partir malgré sa faiblesse, accompagné de sa femme et de son fils. Il quitta Paris le 2 décembre 1843. Il soutint la fatigue avec plus de courage que de force jusqu’à Lyon où il fut obligé de s’arrêter. C’est en vain qu’il lutta contre le mal, il lui fallut céder et rester à Lyon. Dans ses derniers moments, le 11 décembre à neuf heures du soir, il se faisait faire la lecture par sa femme. Comme celle-ci, trop émue, sautait des lignes, il la pria doucement de bien vouloir recommencer. Cependant quelques minutes après il parut cesser d’écouter la lecture, et posant sa tête sur sa main, murmura quelques mots, puis retombant sur son oreiller, sembla s’endormir. C’est ainsi qu’il s’éteignit dans la force de l’âge et du talent. La perte de Casimir suscita des profonds regrets. On vit se presser à ses funérailles tout ce que Paris renfermait de plus distingué, dans tous les genres et de tous les rangs. On y remarqua entre autres, Victor Hugo qui prononça au nom de l’Académie française l’éloge funèbre de celui qui fut le plus jeune académicien (35 ans), le dernier des classiques, et sans doute un des premiers romantiques. Le roi ordonna que son portrait et son buste fussent placés dans la Galerie de Versailles. Le Havre, sa ville natale, décida qu’un de ses quais porterait son nom et qu’une statue serait élevée sur une place de la ville. Elle y fut érigée, avenue du général Archinard. Épargnée par les fléaux de la dernière guerre elle se dresse actuellement en compagnie d’un autre illustre enfant du Havre : Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814) au pied du bel escalier de pierre du Palais de Justice, aux côtés de deux lions débonnaires. La ville du Havre sauvait ainsi ces deux célébrités de l’oubli. En cette même année 1843, messieurs les sociétaires de la Comédie-Française (qui avait succédé au Théâtre-Français), arrêtèrent en assemblée générale, que le buste de Casimir Delavigne serait placé dans leur foyer au milieu des portraits de tous les grands hommes qui ont illustré ce théâtre. L’œuvre officielle de Casimir Delavigne représente une quinzaine de pièces de théâtre, une trentaine de poésies dont Les Messéniennes, des épîtres, des études sur l’antiquité, quatre chants populaires, ainsi que de nombreuses nouvelles et autres pièces en prose. Postérité Telle fut la gloire passagère d’un poète, considéré en son propre temps comme insurpassé et insurpassable, oublié aujourd’hui des publications littéraires et dont seule subsiste la Vaccine et la courte magnificence d’une bâtisse bourgeoise, pas très belle, mais admirablement implantée dans cet ancien domaine du marquis de Tourny à Pressagny-l’Orgueilleux. Balzac l’admirait éperdument et puisait son inspiration dans Les Vêpres Siciliennes à une époque où il n’était pas encore connu. Dans Illusions perdues (1836-1843), Les Petits Bourgeois (1855), Les Employés ou la Femme supérieure (1838), Casimir Delavigne est abondamment cité comme un génie. Flaubert, au contraire, l’appelle « un médiocre monsieur […] qui épiait le goût du jour et s’y conformait, conciliant tous les partis et n’en satisfaisant aucun, un bourgeois s’il en fut, un Louis-Philippe en littérature. » Il lui reproche surtout la forme de son évolution littéraire, qui prouve, selon lui, que Casimir Delavigne « s’est toujours traîné à la remorque de l’opinion ». Il est inhumé à Paris au cimetière du Père-Lachaise (division 49). Depuis 1864, l’ancienne rue Voltaire, dans le 6e arrondissement de Paris, porte le nom de rue Casimir-Delavigne. Une rue et un quai du Havre portent également le nom du poète. Publications partielles ThéâtreLes Vêpres siciliennes, tragédie en cinq actes, 1820 Les Comédiens, comédie Le Paria, 1821 L’École des vieillards, 1823 Marino Faliero, 1829 Don Juan d’Austriche, 1835 Les Messéniennes, 1818Divers. Charles VI, opéra en cinq actes, musique de Fromental Halevy, en collaboration avec son frère Germain (1843)Œuvres complètes, 1836, nouvelle édition revue et corrigée avec œuvres posthumes Derniers chants, Poëmes et Ballade sur l’Italie, Paris, Didier libraire-éditeur, 1855. Chants populaires, Discours, Épîtres, Études sur l’antiquité, Poésies de jeunesse Sources Notice biographique tirée des Œuvres complètes de Casimir Delavigne, Paris, H. L. Delloye & V. Lecou, 1836. Mme Fauchier-Delavigne, Casimir Delavigne intime, Paris, SFIL, 1907. Bulletin municipal de Pressagny-l’Orgueilleux, no 25, 2006, p. 64-76. Les références Wikipedia – https ://fr.wikipedia.org/wiki/Casimir_Delavigne

Manuel de Zequeira Arango Manuel de Zequeira Arango

Manuel de Zequeira y Arango (1764-1846). Periodista, poeta, funcionario público y militar cubano. Escribió en numerosas publicaciones de la prensa colonial cubana y marcó pautas a la creación literaria con un incipiente sello criollo. Nació el 28 de agosto de 1764 en La Habana, en el seno de una familia noble y acomodada. Hizo estudios elementales en su hogar, y en 1774 ingresó en el Seminario de San Carlos, donde cursó historia y literatura. Allí estudió junto a Félix Varela, con quien estrechó lazos de amistad. El 18 de agosto de 1784 ingresó como cadete en el Regimiento de Infantería de Soria, lo que marcaría el inicio de su larga carrera militar. Formó parte de los primeros colaboradores del Papel Periódico de La Havana, en el cual publicó poemas y ensayos literarios desde 1792. En 1800 fue nombrado redactor del periódico, lo cual le costó una polémica de dos años con Buenaventura Pascual Ferrer, quien optaba por el mismo cargo. En ese mismo año Zequeira comenzó a dirigir la mencionada publicación, en la que, bajo su dirección, preponderó él el carácter literario. En 1805 cesaron sus funciones de director; sin embargo, prosiguió a modo de colaborador en el mismo Papel Periódico, El Aviso y El Aviso de la Havana. En 1804 fundó El Criticón de La Habana, el cual se destacó por sus numerosos artículos de costumbres y crítica social. Al parecer, Zequeira redactaba completamente los números de El Criticón de La Habana, en el cual potenció una literatura de objetivos morales y sociales muy definidos. Asimismo, escribió para casi todas la publicaciones periódicas de su época, como El Mensajero político económico y literario de La Havana, El Noticioso Mercantil, El Hablador, El Observador Habanero y La Lira de Apolo. Zequeira opinaba que los periódicos debían mostrar la «bella literatura», pero la física, la química y la medicina no debían tener cabida en ese tipo de impresos. Las ciencias, abogaba, debían explicarse en las universidades y escuelas. También trabajó en la Imprenta de la Capitanía General. Zequeira figura entre las voces líricas más destacadas del período colonial cubano. Fue poeta neoclásico que en sus versos destacaba un incipiente “criollismo” -nombre que se daba a las primeras muestras identitarias de la cubanidad. Su poema A la Piña muestra claramente este carácter. Se destacó además como prosista interesado en comunicarse con sus lectores y en dejar huella impresa de la vida habanera en elementos del costumbrismo y el testimonio. Introdujo la prosa poética en la Isla, al publicar en el Papel Periódico de La Havana el artículo «El relox de la Havana». Fue un excelente sonetista, considerado el primer poeta cubano, si no cronológicamente, sí por su vocación sostenida, alto simbolismo con desarrollo de motivos identitarios criollos, conocimiento cabal del instrumento poético y facilidades líricas. Muy vinculado al gobierno de don Luis de las Casas y a la labor de la Sociedad Económica de Amigos del País (SEAP) de La Habana, en 1809 desempeñó el cargo de vicecensor de su Junta Directiva. Fue promotor del pensamiento del reformismo en Cuba. Su talento militar siempre estuvo al servicio de la monarquía hispánica. En julio de 1793, durante la contienda contra la invasión francesa, partió en una expedición de apoyo a la guarnición del Cuartel de Cahobas, en la isla de Santo Domingo. Participó en los combates de la Matric y Yacsí; este último inspiró uno de sus cantos heroicos, Ataque de Yacsí. Obtuvo el grado de subteniente de granaderos, y en 1796 volvió a La Habana, donde contrajo matrimonio. Por el mérito de sus servicios, en 1810 fue nombrado comandante en jefe de la Plaza de Caro, en Venezuela, pero nunca llegó a tomar posesión de su cargo. En 1813 se le destinó al Nuevo Reino de Granada, actual Colombia, a las órdenes del general Francisco Montaleno y Ambuladi. En tierras neogranadinas combatió a los independentistas. Fue gobernador militar y civil de la provincia de Río Hacha de 1814 a 1815. En ese último año se le destinó a Mompox, y en 1816 fue nombrado teniente-rey y presidente de la Junta de Real Hacienda de Cartagena. A finales de 1817 retornó a La Habana, con Real Licencia y grado de coronel de infantería. En 1821 fue trasladado a Matanzas en calidad de coronel de las milicias de esa ciudad. Durante su estancia en territorio matancero se presentaron los primeros síntomas de su locura. A partir de entonces, su vida pública y literaria cesó. Falleció en La Habana el 18 de abril de 1846. Empleó múltiples seudónimos, como Ismael Raquenue, Ezequiel Armuna, Ezequiel Amura, Anselmo Erquea Gravina, Raquel Yum Zenea, El Observador de La Havana, El bruxo de La Havana, El Marqués Nueya, Arnefio Garaique, El Licenciado Frisesomorum, La horma de su zapato, Armenau Queizel, El Criticón de La Havana, Arefique, Enrique Aluzema. Se cree que Leofar Lemonieau, D. Amosar, Yeso de Jarzos, Eguzqui y Matato, sean anagramas de su nombre. Por razón de tan frecuentes enmascaramientos, parte de su obra permanece sin localizar. Referencias En Caribe – encaribe.org/index.php?option=com_content&view=article&id=653:manuel-de-zequeira&catid=87:literatura&Itemid=104

Antoine-Vincent Arnault Antoine-Vincent Arnault

Antoine Vincent Arnault, né le 1er janvier 1766 à Paris et mort le 16 septembre 1834 à Goderville est un homme politique, poète et auteur dramatique français, deux fois élu à l'Académie française. Sa vie et son œuvre Ayant entrepris des études de droit, il se passionne pour la poésie. Il compose des héroïdes, des élégies et des romances qui font parler de lui. Il devient secrétaire du cabinet de Madame en 1786. Puis il entame une carrière dramatique avec deux succès, Marius à Minturnes en 1791 et Lucrèce en 17922. Émigré en Angleterre pendant la Terreur, il revient en France en 1793. Il est alors arrêté, puis rapidement libéré. Il épouse en 1801 Jeanne-Catherine (dite Sophie) Guesnon de Bonneuil, fille de Jean-Cyrille Guesnon de Bonneuil et de Michelle Sentuary, devenant le beau-frère de Michel Regnaud de Saint-Jean d'Angély et le cousin par alliance du baron Jean de Batz. Il est le père de Lucien Arnault (1787-1863), dramaturgue et préfet. Dès avant le Consulat, Arnault se lie d'amitié avec Napoléon, qui le charge en 1797 de l'organisation administrative des îles Ioniennes, occupées par la France. Il accompagne Napoléon dans l'expédition d'Égypte, mais doit interrompre son voyage à Malte. En 1799, Napoléon le fait nommer membre de l'Institut et lui procure un poste au ministère de l'Intérieur où il est chef de la 4e division : Instruction publique, beaux-arts et sciences. Il est élu au seizième fauteuil de l'Académie française en 1803. Ayant été ministre de l'Instruction publique par intérim pendant les Cent-Jours, il est condamné à l'exil lors de la seconde Restauration et radié de l'Académie par l'ordonnance du 21 mars 1816. Il revient en France en 1819 et, en 1829, il rentre de nouveau à l'Académie française, dont il deviendra le secrétaire perpétuel en 18332. De 1831 à 1834 il est professeur de littérature et de composition française à l'École polytechnique. Il avait été fait chevalier de l'Empire le 19 mai 1809. Parmi ses tragédies, la plus appréciée de ses contemporains est Blanche et Montcassin, ou Les Vénitiens, représentée pour la première fois en 1798. Talma, lui aussi ami de Napoléon, tient le premier rôle dans la plupart de ses pièces. En 1817, son Germanicus provoque de violents affrontements entre royalistes et bonapartistes. Villemain a dit de son théâtre : « Auteur tragique de l'école de Ducis, Arnault a dans ses ouvrages mêlé aux anciennes formes un nouveau degré de terreur et quelquefois de simplicité ». Arnault s'est fait apprécier aussi pour ses Fables, dont le ton est fréquemment satirique, ce qui fera dire à Scribe, son successeur à l'Académie : « C'est Juvénal qui s'est fait fabuliste... On a reproché à Florian d'avoir dans ses bergeries mis trop de moutons ; peut-être dans les fables de M. Arnault y a-t-il trop de loups ». Arnault a été par ailleurs l'auteur d'une Vie politique et militaire de Napoléon et de chants et de cantates à la gloire de l'Empereur. Ses Souvenirs d'un sexagénaire, parus en 1833, ont été prisés par Sainte-Beuve. Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Vincent_Arnault

Mont Sainte-Victoire and Château Noir, by Paul Cézanne
Charles Cros Charles Cros

Charles Cros, né le 1er octobre 1842 à Fabrezan (Aude) et mort le 9 août 1888 dans le 6e arrondissement de Paris, est un poète et inventeur français. Originaire d'une famille de Lagrasse (Aude), Charles Cros est le frère cadet d'Antoine Cros (1833-1903), médecin, et d'Henry Cros (1840-1907), peintre et verrier : ils participèrent tous les trois aux dîners des Vilains Bonshommes et aux réunions du Cercle des poètes zutiques entre 1869 et 1872. Il servit la Commune de Paris en 1871, comme aide-major au 249e bataillon5. Il est le père du poète Guy-Charles Cros (1879-1956). Le scientifique Passionné de littérature et de sciences, Charles Cros est pendant un temps, de 1860 à 1863, professeur de chimie à l'Institut parisien des sourds-muets, avant de se consacrer à la recherche scientifique. En 1867, il présente à l'Exposition universelle de 1867 un prototype de télégraphe automatique à la suite de ses travaux portant sur l'amélioration de la technologie de ce système de télécommunication. En 1869, il présente à la Société française de photographie un procédé de photographie en couleurs qui est à l'origine du procédé actuel de trichromie. Le poète Il publie ses premiers poèmes dans le Parnasse contemporain et fréquente les cercles et cafés littéraires de la bohème de l'époque (le Cercle des poètes Zutistes — qu'il a créé —, les Vilains Bonshommes, les Hydropathes), ainsi que le salon de Nina de Villard qui sera sa maîtresse jusqu'en 1877. Mais il est davantage connu pour ses monologues, dont le plus connu est Le Hareng saur, qu'il récite lui-même dans des cabarets parisiens comme Le Chat noir. Son œuvre de poète, brillante — elle sera plus tard l'une des sources d'inspiration du surréalisme — est cependant ignorée à son époque. Il le résume amèrement dans ce poème caractéristique : Je sais faire des vers perpétuels. Les hommes Sont ravis à ma voix qui dit la vérité. La suprême raison dont j'ai, fier, hérité Ne se payerait pas avec toutes les sommes. J'ai tout touché : le feu, les femmes, et les pommes ; J'ai tout senti : l'hiver, le printemps et l’été ; J'ai tout trouvé, nul mur ne m'ayant arrêté. Mais Chance, dis-moi donc de quel nom tu te nommes ? Je me distrais à voir à travers les carreaux Des boutiques, les gants, les truffes et les chèques Où le bonheur est un suivi de six zéros. Je m'étonne, valant bien les rois, les évêques, Les colonels et les receveurs généraux De n'avoir pas de l’eau, du soleil, des pastèques. Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Cros

Maurice Rollinat Maurice Rollinat

Joseph Auguste Maurice Rollinat, né à Châteauroux (Indre) le 29 décembre 1846 et mort à Ivry-sur-Seine le 26 octobre 1903, est un poète, musicien et interprète français. Notice biographique Son père, François Rollinat, était député de l’Indre à l’Assemblée constituante en 1848 et fut un grand ami de George Sand. Issu d’un milieu cultivé, Rollinat se met très tôt au piano, pour lequel il semble avoir de grandes facilités. Dans les années 1870, il écrit ses premiers poèmes. Il les fait lire à George Sand, qui l’encourage à tenter sa chance à Paris. Il y publie son premier recueil Dans les brandes (1877), qu’il dédie à George Sand mais qui ne connaît aucun succès. Il rejoint alors le groupe des Hydropathes, fondé par Émile Goudeau, où se rassemblent de jeunes poètes décadents se voulant anticléricaux, antipolitiques et antibourgeois. Plusieurs soirs par semaine, la salle du Chat noir, célèbre cabaret parisien dans laquelle on croise Willette ou Antonio de La Gandara, se remplit pour écouter l’impressionnant Rollinat. Seul au piano, le jeune poète exécute ses poèmes en musique. (Il mit aussi en musique les poèmes de Baudelaire). Son visage blême, qui inspira de nombreux peintres, et son aspect névralgique, exercent une formidable emprise sur les spectateurs. De nombreuses personnes s’évanouissent, parmi lesquelles notamment Leconte de Lisle et Oscar Wilde. Ses textes, allant du pastoral au macabre en passant par le fantastique, valent à Rollinat une brève consécration en 1883. Cette année-là, le poète publie Les Névroses, qui laisse les avis partagés. Certains voient en lui un génie ; d’autres, comme Verlaine dans Les Hommes d’aujourd’hui, un « sous-Baudelaire », doutant ainsi de sa sincérité poétique. Cependant, grâce aux témoignages et aux travaux biographiques, nous savons que Rollinat fut toute sa vie très tourmenté et que ses névralgies ne l’épargnèrent guère. Son ami Jules Barbey d’Aurevilly écrira que « Rollinat pourrait être supérieur à Baudelaire par la sincérité et la profondeur de son diabolisme ». Il qualifie Baudelaire de « diable en velours » et Rollinat de « diable en acier ». Malade et fatigué, Rollinat refuse d’être transformé en institution littéraire. Il se retire alors à Fresselines, en 1883, proche de l’École de Crozant dans la Creuse, pour y continuer son œuvre. Il s’y entoure d’amis avec lesquels il partagera les dernières années de sa vie. Pendant les vingt années passées à Fresselines, il publiera cinq livres de poèmes: l’Abîme (1886), La Nature (1892), Le Livre de la Nature (1893), Les Apparitions (1896) et Paysages et Paysans (1899), ainsi qu’un recueil en prose: En errant (1903). Alors que sa compagne, l’actrice Cécile Pouettre meurt, Rollinat tente plusieurs fois de se suicider. Son ami, le peintre Eugène Alluaud, le veille et s’inquiète. Malade, probablement d’un cancer, le poète est transporté à la clinique du docteur Moreau à Ivry où il s’éteint en octobre 1903, à l’âge de 56 ans. Il repose au cimetière Saint-Denis de Châteauroux. Il en était venu à être oublié de ses contemporains. Un poète d’Issoudun, Albert Liger, qui assistait aux obsèques, demanda à un curieux qui était celui qu’on enterrait ; celui-ci répondit: « Il paraît que c’est un nommé Rollinat, un fameux pêcheur à la ligne dans la Creuse ». Distinction Chevalier de la Légion d’honneur Hommages Collège Maurice Rollinat à Brive-la-Gaillarde Ecole primaire Maurice Rollinat à La Châtre (Indre) Lycée Rollinat à Argenton-sur-Creuse (Indre) La poésie de Rollinat: de la Nature à la condition humaine Dans les brandes (1877) Dans les brandes ouvre un étrange parcours poétique. Le mépris de la ville et des hommes qui y vivent fait encore davantage briller la Nature, blonde, lumineuse et conseillère. Rollinat y trouve une double perfection: celle des éléments qui la composent et celle du geste de l’homme qui l’habite. Très descriptif, Rollinat donne à voir dans ses poèmes animaliers (L’écureuil, La chèvre) les personnalités différentes de chaque vivant. L’homme de la campagne, quant à lui, développe des mœurs particulières, dont la beauté rustique enchante le poète (Le chasseur en soutane, La fille aux pieds nus). Quant à Rollinat lui-même, spectateur de la Nature et des hommes, il cherche en vain sa place (Où vais-je ?). Le réel, décrit par Rollinat à travers le prisme du monde rustique, regorge d’interrogations, de failles inexpliquées, auxquelles le poète va chercher à donner sens. Les Névroses (1883) Publié chez Charpentier en 1883, annoncé dès 1882, ce recueil est le plus célèbre de Rollinat. Davantage que Dans les brandes, l’étrangeté et le macabre jouent un rôle capital. La Nature est alors transfigurée par le poète sous la pression d’un imaginaire de l’étrange qu’il fait se dégager du moindre évènement (La vache au taureau). Les Névroses, ouvrage de la fascination par excellence, proche du symbolisme, démet le réel de toute son innocence et de sa virginité mythologique. Le diable, la mort, le mal, sont des thématiques omniprésentes qui percent le voile de la simple donnée naturelle. La réalité déborde alors de sens par le double recours à l’imaginaire et au nihilisme. Évacuant Dieu de sa réflexion poétique, Rollinat suppose le Diable comme s’infiltrant dans toutes les manifestations humaines et non humaines. Par ce biais négatif, il réhabilite ce qu’il y a de plus naturel et ancré dans l’humain: la luxure et la mort. Il consacre un poème à Honoré de Balzac (extrait): « Balzac est parmi nous le grand poète en prose, Et jamais nul esprit sondeur du gouffre humain, N’a fouillé plus avant la moderne névrose, Ni gravi dans l’Art pur un plus âpre chemin. »Et un à Edgar Allan Poe: « Edgar Poe fut démon, ne voulant pas être Ange. Au lieu du Rossignol, il chanta le Corbeau ; Et dans le diamant du Mal et de l’Étrange Il cisela son rêve effroyablement beau. » L’Abîme (1886) Trois ans après son départ de Paris pour Fresselines, Rollinat publie L’Abîme, qui est l’ouvrage du retrait. Ce recueil est aussi le plus synthétique de tous les ouvrages en vers de Rollinat. Le poète avait souhaité composer un livre sur la condition humaine. Dans L’Abîme, Rollinat examine en grande partie les vices humains, à la manière des moralistes du XVIIe siècle. On trouve dans la réflexion de Rollinat des échos pascaliens (La chanson de l’Ermite) quant à la place de l’homme dans l’univers, mais surtout une fascination pour l’intériorité humaine (La genèse du crime, Le faciès humain), regorgeant de pouvoirs insoupçonnés, de pulsions et de projets souvent vains. L’Abîme offre un constat accablant de la nature humaine et de sa destinée. La vie, déplorable, ne sera pas, selon Rollinat, excusée par la mort. À la fin du recueil, notamment dans Requiescat in Pace, le poète, cynique, fait de la mort un juge sans Dieu au sein de laquelle l’homme n’aura aucun droit au pardon. Œuvres * Participation au recueil Dizains réalistes * Dans les brandes, poèmes et rondels (1877) (Lire sur Wikisource: Dans les brandes, poèmes et rondels, Paris, Charpentier, 1883 (Wikisource)) * Les Névroses (1883) (Lire sur Wikisource: Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917 (Wikisource)) * L’Abîme (1886) (Lire sur Wikisource: L’Abîme, Paris, Charpentier, 1886 (Wikisource)) * DIX mélodies nouvelles (1886) * La Nature (1892) * Le Livre de la nature, choix de poésies (1893) * Les Apparitions (1896) * Ce que dit la Vie et ce que dit la Mort (1898) * Paysages et paysans (1899) (Lire sur Wikisource: Paysages et paysans, Paris, Fasquelle, 1899 (Wikisource)) * En errant, proses d’un solitaire (1903) Publications posthumes * Ruminations: proses d’un solitaire (1904) * Les Bêtes (1911) * Fin d’Œuvre (1919) * Le Cabinet secret: pièces érotiques et politiques inédites, édition établie par Claire Le Guillou, Paris, Éditions du Sandre (2014) * Poèmes de jeunesse proposés par Catherine Réault-Crosnier et Régis Crosnier (Catherine Réault-Crosnier, 2015) Rééditions * Œuvres. I. Dans les brandes. II. Les Névroses, éditées par R. Miannay, Lettres Modernes Minard (1977) * Les Névroses, édition de Philippe Martin-Lau, Paris, Éditions du Sandre (2010) * Poèmes choisis, édition de Sébastien Robert, Paris, Edilivre (2012) Bibliographie * Paul Verlaine, Maurice Rollinat, monographie publiée dans la revue Les Hommes d’aujourd’hui, no 303 ; texte sur wikisource * Jean-Paul Dubray, Maurice Rollinat intime, Marcel Seheur Éditeur, Paris, 1930. * Hugues Lapaire, Rollinat, poète et musicien, 267 p., Mellottée, Paris, 1932. * Émile Vinchon, La Vie de Maurice Rollinat – Documents inédits, Laboureur & Cie, imprimeurs-éditeurs, Issoudun, 1939. * Régis Miannay, Maurice Rollinat, poète et musicien du fantastique, Badel, 1981. * Association des amis de M. Rollinat, Actes du colloque 1996 (cent cinquantenaire de la naissance du poète), 2005. * Claire Le Guillou, Rollinat: ses amitiés artistiques, Joca seria, 2004. * Christian Jamet, Les Eaux semblantes, roman, Éditions Demeter, 2005. * Laurent Bourdelas, Du pays et de l’exil Un abécédaire de la littérature du Limousin, Les Ardents Editeurs, 2008. * « Maurice Rollinat », base Léonore, ministère français de la Culture * Un article témoignage de Francis Jourdain dans “Ce Soir” du 13 juin 1939 (Gallica) Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Rollinat

The Joy of Life, by Henri Matisse
Charles Guérin Charles Guérin

Charles Guérin, né le 29 décembre 1873 à Lunéville (Meurthe-et-Moselle), où il est mort le 17 mars 1907, est un poète français. Biographie Jeunesse Charles Guérin appartient à une dynastie d’industriels lorrains, propriétaire de la célèbre Faïencerie de Lunéville-Saint-Clément, connue aussi sous le nom Keller et Guérin. Au sein de cette grande famille, où il est l’aîné de huit enfants, il reçoit une solide éducation humaniste et religieuse, dont l’influence sur l’œuvre poétique est déterminante. Il fait ses études à Saint-Pierre-Fourier (Lunéville), puis à la Faculté des Lettres de Nancy, où il prépare une licence d’allemand (1894-1897). Œuvre et activité littéraire À ses études le jeune homme préfère largement la poésie. Il publie son premier recueil Fleurs de neige en 1893, puis Joies grises en 1894 et Le Sang des crépuscules en 1895, trois recueils marqués par l’influence du poète symboliste belge Georges Rodenbach qui préface le premier des trois recueils. Il fait également de nombreux séjours à Paris, où il fréquente les cercles poétiques et littéraires à la mode, en particulier le salon de José-Maria de Heredia et les célèbres Mardis symbolistes de Stéphane Mallarmé, qui préface Le Sang des Crépuscules. Alfred Vallette, directeur du Mercure de France, lui confie la rédaction de quelques articles de critique littéraire et artistique et édite ses œuvres: Le Cœur solitaire, Le Semeur de cendres et L’Homme intérieur. Charles Guérin se consacre désormais entièrement à la littérature, écrit de nombreux poèmes, dont beaucoup ne seront jamais publiés, un projet de roman, des notes diverses de voyage... Il collabore aussi à plusieurs revues dont L’Ermitage et fréquente de nombreux jeunes écrivains: Paul Léautaud, Maurice Magre, Paul Fort, Jean Viollis, Albert Samain, et surtout, à partir de 1897, Francis Jammes, auquel le lie une grande et profonde amitié et qui est le dédicataire de plusieurs poèmes. Voyages La vie parisienne de Charles Guérin est entrecoupée de nombreux voyages à l’étranger: en Allemagne, particulièrement à Bayreuth, où il découvre avec enthousiasme l’œuvre de Richard Wagner, mais aussi en Belgique, en Suisse, en Italie... Ou encore sur la Côte d’Azur, ou dans le Béarn, à Orthez (Basses-Pyrénées) chez Francis Jammes. La fin Un amour passionné et malheureux pour Jeanne Blumer, mais surtout une sensibilité irrémédiablement mélancolique et une santé fragile épuisent vite le poète, qui meurt prématurément d’une tumeur au cerveau, à l’âge de 33 ans, le 17 mars 1907. La sincérité, la douleur et la profondeur de son œuvre situent Charles Guérin dans la pure tradition lyrique de la poésie française, entre Symbolisme et Parnasse, à la transition des XIXe et XXe siècles. Œuvres * Fleurs de Neige, Nancy, Crépin-Leblond, 1893. Publié sous le pseudonyme: Heirclas Rügen (anagramme de « Charles Guérin »). * Georges Rodenbach, Nancy, Crépin-Leblond, 1893. Texte signé Heirclas Rügen, mais publié sous le nom de Charles Guérin. * L’Art Parjure, Munich, H. Kutzner, 1894. Deuxième édition la même année. Réédition en 2018 par les Éditions Kasemate. * Joies grises (préf. Georges Rodenbach), Paris, P. Ollendorff, 1894. * Le Sang des Crépuscules, Paris, Mercure de France, 1895, avec un Prélude musical de Percy Pitt et une préface de Stéphane Mallarmé. * Le Cœur Solitaire, Paris, Mercure de France, 1898. * Le Semeur de cendres, Paris, Mercure de France, 1901. * L’Homme intérieur, Paris, Mercure de France, 1905. * Douze sonnets, Paris, Librairie des amateurs, 1922. * Premiers et derniers vers, Paris, Mercure de France, 1923. Contient: Fleurs de neige. Joies grises. Le Sang des crépuscules. Derniers vers. * Œuvres, Paris, Mercure de France, 1926-1929. 3 volumes. Réédition des œuvres. Notice d’Henry Dérieux. * Poèmes choisis, Paris, Bernard Grasset, 1972. Édition établie et présentée par Dominique Robaux.Le Cœur solitaire, Le Semeur de cendres et L’Homme intérieur, de Charles Guérin, peu réédités, ainsi que son Georges Rodenbach qui ne le fut jamais, sont disponibles sur Gallica (cf. infra). * À noter, la luxueuse édition illustrée par Auguste Leroux du Semeur de cendres, parue en 1923 chez Ferroud (Paris, Librairie des amateurs, A. Ferroud et F. Ferroud). * Un poème de Charles Guérin, Au bout du chemin, extrait du Semeur de Cendres, a été mis en musique et interprété par Guy Béart. Prix * Prix Archon-Despérouses 1902. Ouvrages sur Charles Guérin * J.-B. Hanson, Le poète Charles Guérin, Paris, Éditions Nizet & Bastard, 1935. * Jacques Nanteuil, L’Inquiétude religieuse et les poètes d’aujourd’hui, essais sur Jules Laforgue, Albert Samain, Charles Guérin, Francis Jammes, Bloud et Gay – 1925 Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Gu%C3%A9rin_(po%C3%A8te)

By the Table, by Henri Fantin-Latour
Jean Aicard Jean Aicard

Jean François Victor Aicard, né le 4 février 1848 à Toulon (Var) et mort le 13 mai 1921 à Paris, est un poète, romancier et auteur dramatique français. Biographie Jean Aicard naît le 4 février 1848 à Toulon (Var). Une plaque signale sa maison natale. Il fait ses études à Mâcon, où il fréquente Lamartine, puis au lycée de Nîmes, puis en droit à Aix-en-Provence. Venu à Paris en 1867, il y publie un premier recueil, les Jeunes Croyances, où il rend hommage à Lamartine. Le succès qu'il rencontre lui ouvre les portes des milieux parnassiens, grâce à son cousin, Pierre Elzéar. En 1869, il collabore au deuxième recueil du Parnasse contemporain. En 1870, une pièce en un acte est produite au théâtre de Marseille. Pendant la guerre, il reste à Toulon dans sa famille. Après la guerre, il assiste aux dîners des Vilains Bonshommes et participe à la création de la revue La Renaissance littéraire et artistique. En 1874, il publie Poèmes de Provence, qui font de lui le poète de cette région. En 1876, il collabore au troisième recueil du Parnasse contemporain. En 1894, il devient président de la Société des gens de lettres. Le guide Paris-Parisien, qui le considère en 1899 comme une « notoriété des lettres », note le « romantisme méridional » de son œuvre. En 1909, il entre à l'Académie française au fauteuil de François Coppée. Il est élu maire de Solliès-ville en 1920. Jean Aicard meurt le 13 mai 1921 à Paris. Jean Aicard est l'un des poètes représentés sur le tableau Coin de table (1872) de Henri Fantin-Latour. Les références Wikipedia—https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Aicard

Gérard de Nerval Gérard de Nerval

Gérard Labrunie, dit Gérard de Nervalain et un poète français, né le 22 mai 1808 à Paris, ville où il est mort le 26 janvier 1855 (à 46 ans). Figure majeure du romantisme français, il est essentiellement connu pour ses poèmes et ses nouvelles, notamment son ouvrage Les Filles du feu, recueil de nouvelles (la plus célèbre étant Sylvie) et de sonnets (Les Chimères) publié en 1854. Biographie Jeunesse Fils d’Étienne Labrunie, médecin militaire, et de Marie-Antoinette Laurent, fille d’un marchand linger de la rue Coquillière, Gérard de Nerval naît le 22 mai 1808, vers 20 heures, à Paris, au 96 rue Saint-Martin (actuellement le no 168). Baptisé le 23 à Saint-Merri, il est confié quelques mois plus tard à une nourrice de Loisy, près de Mortefontaine. Son père est nommé le 8 juin suivant médecin militaire adjoint à la Grande Armée, il est rapidement promu médecin et attaché, le 22 décembre, au service de l’armée du Rhin. Le 29 novembre 1810, sa mère meurt à Głogów, en Silésie alors qu’elle accompagnait son mari. De 1808 à 1814, Gérard est élevé par son grand-oncle maternel, Antoine Boucher, à Mortefontaine, dans la campagne du Valois, à Saint-Germain-en-Laye et à Paris. Au printemps 1814, son père retrouve la vie civile et s’installe avec son fils à Paris, au 72, rue Saint-Martin. Gérard reviendra dans ces lieux évoqués dans nombre de ses nouvelles. En 1822, il entre au collège Charlemagne, où il a pour condisciple Théophile Gautier. C’est en classe de première (année scolaire 1823-1824) qu’il compose son premier recueil resté manuscrit de cent quarante pages: Poésies et Poèmes par Gérard L. 1824 qu’il donne plus tard à Arsène Houssaye en 1852. Ce recueil a figuré à l’exposition Gérard de Nerval à la Maison de Balzac à Paris en 1981-1982. Il a déjà écrit, sous le nom de Gérard L. un panégyrique de Napoléon Ier: Napoléon ou la France guerrière, élégies nationales, publié chez Ladvocat et réédité en 1827 par Touquet. L’année suivante, il écrit deux Épîtres à Monsieur Duponchel caché sous le pseudonyme de Beuglant. Dès juillet 1826, il se lance dans la satire à la suite du scandale de l’Académie française qui a préféré Charles Brifaut à Alphonse de Lamartine. Il compose alors une Complainte sur l’immortalité de Monsieur Briffaut (orthographe de l’auteur), puis une pièce dans le même esprit: L’Académie ou les membres introuvables, ce qui lui valut d’être recalé au concours de l’Académie en 1828. Le 28 novembre 1827, le Journal de la Librairie annonce la parution de sa traduction de Faust en volume in-32 qui porte le titre: Faust, tragédie de Goethe, traduite par Gérard (1828). Premiers pas vers le succès Le 1er mai 1829, pour faire plaisir à son père, Gérard accepte d’être stagiaire dans une étude de notaire. Mais il pratique le métier mollement. Il a autre chose à faire. En bon soldat du romantisme, il est convoqué par Victor Hugo pour faire partie de la claque de soutien à Hernani, mission dont Gérard s’acquitte volontiers (voir Bataille d’Hernani). 1830 est l’année des deux révolutions: la révolution romantique à laquelle Gérard participe, et la révolution politique, celle des Trois Glorieuses à laquelle il ne participe qu’en badaud. La politique ne l’intéresse pas. Les barricades lui ont cependant inspiré un poème-fleuve: Le peuple, son nom, sa gloire, sa force, sa voix, sa vertu, son repos publié en août 1830 dans le Mercure de France du XIXe siècle. Il publie encore un pamphlet: Nos adieux à la Chambre des Députés de l’an 1830 ou, Allez-vous-en vieux mandataires, par le Père Gérard, patriote de 1789, ancien décoré de la prise de la Bastille (…) et En avant, marche! publiés dans Le Cabinet de lecture le 4 mars 1831. Gérard a surtout deux importants projets: une anthologie de la poésie allemande et une anthologie de la poésie française, deux ouvrages pour lesquels il lui faut une abondante documentation à laquelle il accède grâce à Alexandre Dumas et Pierre-Sébastien Laurentie qui lui font obtenir une carte d’emprunt, ce qui lui évite de perdre du temps en bibliothèque. La première anthologie porte le titre de Poésies allemandes, Klopstock, Schiller et Bürger, Goethe, précédée d’une notice sur les poètes allemands par M. Gérard. L’œuvre est accueillie avec moins d’enthousiasme que Faust, dont le compositeur Hector Berlioz s’est inspiré pour son opéra la Damnation de Faust. La seconde anthologie est un Choix de poésie de Ronsard, Joachim Du Bellay, Jean-Antoine de Baïf, Guillaume de Saluste Du Bartas, Jean-Baptiste Chassignet, précédé d’une introduction par M. Gérard. Ces deux ouvrages ne rencontrent pas un succès éclatant. Mais à l’automne 1830, le Cénacle mis en place par Sainte-Beuve pour assurer le triomphe de Victor Hugo rassemble des écrivains reconnus: Alfred de Vigny, Alfred de Musset, Charles Nodier, Alexandre Dumas, Honoré de Balzac. Les réunions ont lieu rue Notre-Dame-des-Champs, soit chez Hugo, soit chez le peintre Eugène Devéria, frère d’Achille Devéria, mais ce cénacle commence à se disperser. Apparaît un nouveau cénacle: le Petit-Cénacle, dont l’animateur est le sculpteur Jean Bernard Duseigneur qui reçoit dans son atelier, installé dans une boutique de marchand de légumes, où il retrouve Pétrus Borel et Célestin Nanteuil avant de publier La Main de gloire en septembre. Mais c’est surtout à ce moment-là que Nerval a envie d’écrire des pièces de théâtre à la manière d’Hugo. Deux de ses œuvres reçoivent un très bon accueil au théâtre de l’Odéon: Le Prince des sots et Lara ou l’expiation. Toutes n’ont pas le même succès mais Gérard ajoute un nom d’auteur à son prénom. Il devient Gérard de Nerval, pseudonyme adopté en souvenir d’un lieu-dit, le clos de Nerval près de Loisy, un champ cultivé par son grand-père maternel, à cheval sur la commune de Mortefontaine. Premières folies, premières expériences Une des caractéristiques du Petit-Cénacle est la propension de ses membres au chahut, à la boisson, aux farces, aux jeux de mots et au bousin ou bouzingo (tapage). C’est d’ailleurs à la suite d’une de ces manifestations du groupe que les agents du guet interviennent et arrêtent trois ou quatre Jeunes-France dont Nerval fait partie avec Théophile Gautier. Enfermé à la prison de Sainte-Pélagie, Nerval écrit un petit poème aussitôt publié dans Le Cabinet de lecture du 4 septembre 1831. De nouveau dans la nuit du 2 février 1832, les Jeunes-France sont arrêtés, pris pour des conspirateurs, et cette fois leur peine est plus longue,. En 1833, Nestor Roqueplan lui ouvre les colonnes de son journal: La Charte de 1830. Mais déjà un autre ami (Édouard Gorges) lui propose d’écrire avec lui un roman-feuilleton, dont l’action se déroulerait dans la Bretagne des chouans. Le vif succès remporté en 1829 par Les Chouans de Balzac fait hésiter Nerval. Pourtant, l’envie de visiter la région de Vitré l’emporte et il en revient avec un récit: L’Auberge de Vitré qu’il exploitera plus tard dans le prologue de son roman Le Marquis de Fayolle, roman édité après la mort de Nerval en 1856 par Édouard Gorges, qui l’a remanié et achevé. Il fut membre de la goguette des Joyeux et de la goguette des Bergers de Syracuse. L’écrivain En janvier 1834, à la mort de son grand-père maternel, il hérite d’environ 30 000 francs. Parti à l’automne dans le Midi de la France, il passe la frontière, à l’insu de son père, et visite Florence, Rome puis Naples. En 1835, il s’installe impasse du Doyenné chez le peintre Camille Rogier, où tout un groupe de romantiques se retrouve, et fonde en mai le Monde dramatique, revue luxueuse qui consume son héritage et que, lourdement endetté, il doit finalement vendre en 1836. Faisant alors ses débuts dans le journalisme, il part en voyage en Belgique avec Gautier, de juillet à septembre. En décembre, il signe pour la première fois « Gérard de Nerval » dans Le Figaro. Le 31 octobre 1837 est créé à l’Opéra-Comique Piquillo sur une musique de Monpou ; Dumas signe seul le livret, malgré la collaboration de Nerval ; l’actrice Jenny Colon tient le premier rôle. Nerval se serait épris de cette actrice qui n’aurait pas répondu à ses sentiments. Il fréquente alors le salon de Madame Boscary de Villeplaine, où une rivalité amoureuse l’oppose au financier William Hope pour la conquête de l’actrice. Selon certains exégètes, il aurait voué un culte idolâtre à Jenny Colon, même après la mort de celle-ci, et elle serait la figure de la Mère perdue, mais aussi de la Femme idéale où se mêlent, dans un syncrétisme caractéristique de sa pensée, Marie, Isis, la reine de Saba, ce qui fait débat parmi les spécialistes de Nerval. Durant l’été 1838, il voyage en Allemagne avec Dumas pour préparer Léo Burckart, pièce retardée par la censure. Après la première de L’Alchimiste, écrite en collaboration avec Dumas, le 10 avril 1839, Léo Burckart est finalement créé au théâtre de la Porte-Saint-Martin le 16 avril. Dans le même temps, il publie Le Fort de Bitche (25-28 juin) dans Le Messager et Les Deux rendez-vous (15-17 août) – qui deviendra plus tard Corilla – dans La Presse. Puis, en novembre, il part pour Vienne, où il rencontre la pianiste Marie Pleyel à l’Ambassade de France. De retour en France en mars 1840, il remplace Gautier, alors en Espagne, pour le feuilleton dramatique de La Presse. Après une troisième édition de Faust, augmentée d’une préface, et de fragments du Second Faust en juillet, il part en octobre en Belgique. Le 15 décembre a lieu la première de Piquillo à Bruxelles, où il revoit Jenny Colon et Marie Pleyel. À la suite d’une première crise de folie le 23 février 1841, il est soigné chez Mme Marie de Sainte-Colombe, qui tient la « maison de correction Sainte-Colombe », créée en 1785 au 4-6 rue de Picpus. Le 1er mars, Jules Janin publie un article nécrologique dans Les Débats. Après une seconde crise, le 21 mars, il est interné dans la clinique du docteur Blanche, à Montmartre, de mars à novembre. Le 22 décembre 1842, Nerval part pour l’Orient, passant successivement par Alexandrie, Le Caire, Beyrouth, Constantinople, Malte et Naples. De retour à Paris dans les derniers mois de 1843, il publie ses premiers articles relatifs à son voyage en 1844. En septembre et octobre, il part avec Arsène Houssaye, directeur de L’Artiste, en Belgique et aux Pays-Bas. De juin à septembre 1845, il remplace Gautier, alors en Algérie, dans La Presse. Son Voyage en Orient paraît en 1851. Il affirme dans une lettre au docteur Blanche datée du 22 octobre 1853, avoir été initié aux mystères druzes lors de son passage en Syrie, où il aurait atteint le grade de « refit », l’un des plus élevés de cette confrérie. Toute son œuvre est fortement teintée d’ésotérisme et de symboles, notamment alchimiques. Alors qu’on l’accusait d’être impie, il s’exclama: « Moi, pas de religion ? J’en ai dix-sept… au moins. » Entre 1844 et 1847, Nerval voyage en Belgique, aux Pays-Bas, à Londres… et rédige des reportages et impressions de voyages. En même temps, il travaille comme nouvelliste et auteur de livrets d’opéra ainsi que comme traducteur des poèmes de son ami Heinrich Heine (recueil imprimé en 1848). Nerval vit ses dernières années dans la détresse matérielle et morale. C’est à cette période qu’il écrira ses principaux chefs-d’œuvre, réalisés pour se purger de ses émotions sur les conseils du docteur Émile Blanche pour le premier, pour la dimension cathartique du rêve et contre l’avis du docteur Blanche pour le second: Les Filles du feu, Aurélia ou le Rêve et la Vie (1853-1854). Mort Au bas d’un portrait photographique de lui, Gérard de Nerval écrivit: « Je suis l’autre. » Le 26 janvier 1855, on le retrouva pendu aux barreaux d’une grille qui fermait un égout de la rue de la Vieille-Lanterne (voie aujourd’hui disparue, qui était parallèle au quai de Gesvres et aboutissait place du Châtelet, le lieu de son suicide se trouverait probablement à l’emplacement du théâtre de la Ville), pour « délier son âme dans la rue la plus noire qu’il pût trouver », selon la formule de Baudelaire. Parmi ses amis, certains comme Arsène Houssaye émirent l’hypothèse d’un assassinat perpétré par des rôdeurs, au cours d’une de ses promenades habituelles dans des lieux mal famés ; d’autres, comme Théophile Gautier ou Nadar furent convaincus qu’il s’agissait d’un suicide,. Depuis lors, la question a fait l’objet de nombreux débats. Le doute subsiste car il fut retrouvé avec son bolivar sur la tête alors que celui-ci aurait normalement dû tomber du fait de l’agitation provoquée par la strangulation. On retrouva une lettre dans laquelle il demandait 300 francs, somme qui, selon lui, aurait suffi pour survivre durant l’hiver. La cérémonie funéraire eut lieu à la cathédrale Notre-Dame de Paris, cérémonie religieuse qui lui fut accordée du fait de son état mental, malgré son suicide présumé. Théophile Gautier et Arsène Houssaye payèrent pour lui une concession au cimetière du Père-Lachaise. Œuvres Poésie * Napoléon et la France guerrière, élégies nationales (1826) * Napoléon et Talma, élégies nationales nouvelles (1826) * L’Académie ou les membres introuvables (1826), comédie satirique en vers * Le Peuple (1830), ode * Nos adieux à la Chambre des Députés ou « allez-vous-en, vieux mandataires » (1831) * Odelettes (1834), dont Une allée du Luxembourg * Les Chimères (1854) Contes, nouvelles et récits * La Main de gloire: histoire macaronique ou La Main enchantée (1832) * Raoul Spifame, seigneur des Granges (1839), biographie romancée, publiée ensuite dans Les Illuminés * Histoire véridique du canard, essai (1845) * Scènes de la vie orientale (1846-1847) * Le Monstre vert (1849) * Le Diable rouge, almanach cabalistique pour 1850 * Les Confidences de Nicolas (1850), publiée ensuite dans Les Illuminés Édition critique de Michel Brix, 2007. * Les Nuits du Ramazan (1850) * Les Faux Saulniers, histoire de l’abbé de Bucquoy (1851) * Voyage en Orient (1851) * Contes et facéties (1852) * La Bohème galante (1852) * Lorely, souvenirs d’Allemagne (1852) * Les Illuminés (1852) * Les Nuits d’octobre (1852) Les Nuits d’octobre parurent en plusieurs livraisons dans « L’Illustration », d’octobre à novembre 1852, avant de connaître des rééditions tirées à part. * Sylvie (1853) * Petits châteaux de Bohème (1853) * Les Filles du feu: Angélique, Sylvie, Chansons et légendes du Valois, Jemmy, Isis, Émilie, Octavie, Corilla, Les Chimères (1854) * Promenades et souvenirs (1854) * Aurélia ou le Rêve et la Vie (1855) * La Danse des morts (1855) Romans * Nerval a écrit deux romans: * Le Prince des sots, tiré de la pièce du même titre de Nerval, fut publié par Louis Ulbach en 1888, mais sous une forme très altérée. Le véritable texte de Nerval fut publié en 1962 par Jean Richer. Ce roman, fort méconnu, porte sur le règne de Charles VI le Fol. * Le Marquis de Fayolle, paru en feuilletons en 1849 dans le journal Le Temps, fut laissé inachevé par son auteur, et fut achevé par Édouard Gorges et publié en 1856. L’action porte sur la Révolution en Bretagne. On peut trouver la version authentique de Nerval dans la collection de la Pléiade. Théâtre * N’ont été publiées au XIXe siècle que sept pièces personnelles de Nerval. Les titres, voire le texte, d’autres pièces non publiées, nous sont également parvenus. * Les deux plus anciens titres sont parus sous la forme de plaquettes: * Monsieur Dentscourt ou Le Cuisinier d’un grand homme (1826). * L’Académie ou Les Membres introuvables (1826).Les trois titres suivants sont issus de la collaboration entre Alexandre Dumas père et Nerval: * Piquillo (1837), drame signé par Dumas. * L’Alchimiste (1839), drame signé par Dumas. C’est surtout le début de la pièce qui porte la marque de Nerval. * Léo Burckart (1839), drame signé par Nerval.Nerval publia ensuite: * Les Monténégrins (1849), drame, en collaboration avec Jules-Édouard Alboize de Pujol. Musique de Armand Limnander de Nieuwenhove. Il existe une première version, différente, sous forme de manuscrit, de cette pièce, qui date de 1848. * L’Imagier de Harlem (1852), drame relatif aux premiers temps de l’imprimerie, avec Méry et B. Lopez.Il subsiste des fragments ou des indications, sous forme de manuscrit, des pièces suivantes (toutes ces pièces n’ont pas été forcément achevées): * Nicolas Flamel (1830). * Faust (années 1830). * Lara ou L’Expiation, même pièce que La Dame de Carouge (1831). * Le Prince des sots, dont il subsiste un fragment: Guy le Rouge. * Louis de France. * Le Magnétiseur (1840). * Les Trois ouvriers de Nuremberg (1840). * De Paris à Pékin (1848). * Pruneau de Tours (1850). * La Main de gloire (1850). * La Forêt-Noire ou La Margrave (vers 1850). * La Mort de Rousseau (1850). * La Fille de l’enfer, Aurore ou Francesco Colonna (1853). * La Polygamie est un cas pendable (1853). * Corilla a été intégré dans Les Filles du feu. * Panorama. * Dolbreuse, même pièce que Le Citoyen marquis.Des titres suivants, évoqués à certains moments par Nerval, il ne reste rien, et certains n’ont probablement jamais été écrits: * Tartuffe chez Molière. * La Mort de Brusquet. * Beppo. * L’Abbate. * L’Étudiant Anselme. * L’Homme de nuit. * Fouquet. * La Fiancée d’Abydos (ou de Corinthe). * Première coquetterie d’étudiant. * Les Walkyries. * une imitation d’une tragédie de Racine. * La Reine de Saba, dont Nerval reprit l’histoire dans Le Voyage en Orient.Nerval a également écrit les adaptations suivantes: * Han d’Islande (années 1830), d’après le roman de Victor Hugo. Publié en 1939 et republié par les éditions Kimé en 2007. * Jodelet ou L’Héritier ridicule, d’après Scarron, publié par les éditions Kimé en 2002. * Le Nouveau genre ou Le Café d’un théâtre, d’après Moratin, fut achevé par Arthus Fleury et publié en 1860. Il existe une autre pièce assez voisine de ce titre, et inachevée, Erreur de nom, qui a été publiée en 1962. * Le Chariot d’enfant, en collaboration avec Méry, d’après l’Indien Soudraka, fut publié en 1850. * Misanthropie et repentir, d’après Kotzebue, fut représenté après la mort de Nerval, en 1855. * Une Nuit blanche fut représentée une unique fois en 1850, puis interdit par le futur Napoléon III. Traductions * Faust (1828) * Poésies allemandes (Klopstock, Goethe…) (1830) * « Der König in Thule », (« Le Roi de Thulé ») de Goethe Pamphlet * Histoire véridique du canard, dans Monographie de la presse parisienne avec Honoré de Balzac (1842), * Complainte sur la mort de haut et puissant seigneur le Droit d’aînesse… * Les hauts faits des Jésuites… Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9rard_de_Nerval




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