Pierre Reverdy

Le vent et l’esprit

C’est une étonnante chimère. La tête, plus haut que cet étage, se place entre les deux fils de fer et se cale et se tient ; rien ne bouge.

La tête inconnue parle et je ne comprends aucun mot, je n’entends aucun son—bas contre terre. Je suis toujours sur le trottoir d’en face et je regarde ; je regarde les mots qu’emporte le vent ; les mots qu’il va jeter plus loin. La tête parle et je n’entends rien, le vent disperse tout.

O grand vent, moqueur ou lugubre, j’ai souhaité ta mort. Et je perds mon chapeau que tu m’as pris aussi. Je n’ai plus rien ; mais ma haine dure, hélas plus que toi-même.

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