Là-haut
Le creux marin
Au bord des hémisphères
La houle passe en bloc par-dessus les tréteaux
Les racines du monde pendent
par delà la terre les jambes du jockey au bord du tilbury
Les côtés de la route changent les franges du ciel remuent
Et le vent se replie derrière la forêt les monticules
à la ligne des dunes où roule le soleil
Les pins dans les barreaux de fer renferment les bêtes immobiles la peau des roches
à travers les ondes des coups de tonnerre
de l’orage
Il ne manque plus rien si l’horizon frémit
Mais derrière
Il y a sur le mur l’affiche ensanglantée
les lambeaux de carton que la pluie fait bouger
le soir aux yeux du passant qui remonte par la plus longue rue
Rue déserte encombrée de maisons qui se déplacent
Les arbres prisonniers s’entendent à voix basse
Chaque vitrine a son secret
Dans la nuit
Sous le ciel et une voie d’étoiles
Des gémissements
Des oscillations inquiétantes de la terre qui change son mouvement
L’homme qui monte sans rien voir que son pas devant
Les bruits dans les gradins du port
et les bruits des enseignes
Toutes les voix
Tous les tumultes
Les formes blanches des étages qui se plaignent
Tout luit
L’eau a lavé la pierre
Des mots glissent des toits
Un bruit sourd des lumières
Entre les deux troupeaux des trottoirs les portes pleines qu’on pousse et qui ne s’ouvrent pas
Le langage étranger dans la tête du matelot qui va
La mémoire du poète en avant qui dicte
Et les livres dont les noms et les mots reviennent constamment
Nuages
Tour
Eiffel les noms du
Dictionnaire
Et les mots étrangers et ceux de son pays
Où seront-ils passés
Et l’ombre de l’ami mort l’an dernier toujours présente derrière sa table et dans ses promenades et même pour signer
Cette réclame
Ce mouvement dans l’être qui agite son chapeau au bout du même bras
Et cette face rouge
La même qui guidait le marin qui allait la tête émerveillée des noms du
Dictionnaire
des mots de la légende et de l’astrologie
Le temps passé sous l’aile
La caresse de l’air
Le portrait que je laisse
Et tous les mots violents que je n’aurai pas dits