Le carton blanc au mur
c’est l’ovale d’un œil dont la paupière nous fait signe
Devant la glace il manque la pendule et l’heure
Les mains tiennent l’air dans la chambre
Mais on ne sait pas très bien ce que c’est
Ni pourquoi
La table tourne autour du monde
La table chargée de couleurs comme une mappemonde
On attend le navire qui vient vers nous dans l’avenir
Au moment où nous sommes là
Le ciel appuie sur chaque tête
Le bout du mât s’accroche à l’aile du nuage
Le monde est ventre à terre
Et tout pèse trop lourd
Sur les épaules et sur les bras
J’attends que le vent fort revienne
Pour soulever le tas
On respire mal sous sa poigne
Je pense à l’horizon limpide qui s’éloigne
L’esprit borgne suit à tâtons
L’œil revient dans le coin
Puis la table chavire
Dehors tout est trop grand dans le jour qui s’étire
Et le pays devient plus mince et transparent
Mais derrière on ne voit plus rien
Il n’y reste peut-être rien
La température est trop vague