Vous êtes calme, vous voulez un vœu discret,
Des secrets à mi-voix dans l’ombre et le silence,
Le cœur qui se répand plutôt qu’il ne s’élance,
Et ces timides, moins transis qu’il ne paraît.
Vous accueillez d’un geste exquis telles pensées
Qui ne marchent qu’en ordre et font le moins de bruit.
Votre main, toujours prête à la chute du fruit,
Patiente avec l’arbre et s’abstient de poussées.
Et si l’immense amour de vos commandements
Embrasse et presse tous en sa sollicitude,
Vos conseils vont dicter aux meilleurs et l’étude
Et le travail des plus humbles recueillements.
Le pécheur, s’il prétend vous connaître et vous plaire,
Ô vous qui nous aimant si fort parliez si peu.
Doit et peut, à tout temps du jour comme en tout lieu,
Bien faire obscurément sou devoir et se taire.
Se taire pour le monde, un pur sénat de fous,
Se taire sur autrui, des âmes précieuses,
Car nous taire vous plaît, même aux heures pieuses,
Même à la mort, sinon devant le prêtre et vous.
Donnez-leur le silence et l’amour du mystère,
Ô Dieu glorifieur du bien fait en secret,
À ces timides moins transis qu’il ne paraît.
Et l’horreur, et le pli des choses de la terre.
Donnez-leur, ô mon Dieu, la résignation.
Toute forte douceur, l’ordre et l’intelligence.
Afin qu’au jour suprême ils gagnent l’indulgence
De l’Agneau formidable en la neuve Sion,
Afin qu’ils puissent dire : « Au moins nous sûmes croire »,
Et que l’Agneau terrible, ayant tout supputé,
Leur réponde : « Venez, vous avez mérité.
Pacifiques, ma paix, et, douloureux, ma gloire. »