Paul-Jean Toulet

L’Alchimiste

Satan, notre meg, a dit
Aux rupins embrassés des rombières :
“ Icicaille est le vrai paradis
” Dont les sources nous désaltèrent.
 
“ La vallace couleur du ciel
” Y lèche le long des allées
“ Le pavot chimérique et le bel
” Iris, et les fleurs azalées.
 
“ La douleur, et sa soeur l’Amour,
” La luxure aux chemises noires
“ Y préparent pour vous, loin du jour,
” Leurs poisons les plus doux à boire.
 
“ Et tandis qu’aux portes de fer
” Se heurte la jeune espérance,
“ Une harpe dessine dans l’air
” Le contour secret du silence. ”
 
Ainsi (à voix basse) parla
Le sorcier subtil du Grand Oeuvre,
Et Lilith souriait, dont les bras
Sont plus frais que la peau des couleuvres.

Romances sans musique

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