« Pélerine, où vas-tu si tard ?
Le temps est à l’orage.
Peux-tu confier au hasard
Tes charmes et ton âge ? »
«—Ermite, n’ayez point de peur,
Du ciel je ne crains plus la foudre :
Que ne peut-il réduire en poudre
L’image qui brûle mon cœur ! »
«—Ô ma fille ! donne un moment
A l’ami qui t’appelle ;
Viens calmer ton égarement
A la sainte chapelle. »
«—Ermite, mon âme est à Dieu ;
Partout il me suit, il me guide ;
Il m’a dit de fuir un perfide :
Je fuis l’Amour, Ermite, adieu. »
«—Pélerine, en fuyant l’Amour,
Que la pitié t’enchaîne :
Un malheureux, depuis un jour,
Pleure ici sur sa chaîne. »
«—Un malheureux ! c’est un amant ;
Mon père, donnez-lui vos larmes !
Blessée au cœur des mêmes armes
Je mourrai du même tourment. »
«—Ma fille, lève au moins les yeux,
La pitié te l’ordonne :
Cet amant n’est plus malheureux,
Si ton cœur lui pardonne. »
Le coupable alors se montra ;
L’Amour pria pour le parjure ;
L’Ermite effaça son injure,
Et la Pélerine... pleura.