Puisque de l’enfance envolée
Le rêve blanc,
Comme l’oiseau dans la vallée,
Fuit d’un élan ;
Puisque mon auteur adorable
Me fait errer
Sur la terre où rien n’est durable
Que d’espérer ;
À moi jeunesse, abeille blonde
Aux ailes d’or !
Prenez une âme, et par le monde,
Prenons l’essor ;
Avançons, l’une emportant l’autre,
Lumière et fleur,
Vous sur ma foi, moi sur la vôtre,
Vers le bonheur !
Vous êtes, belle enfant, ma robe,
Perles et fil,
Le fin voile où je me dérobe
Dans mon exil.
Comme la mésange s’appuie
Au vert roseau,
Vous êtes le soutien qui plie ;
Je suis l’oiseau !
Bouquets défaits, tête penchée,
Du soir au jour,
Jeunesse ! On vous dirait fâchée
Contre l’amour.
L’amour luit d’orage en orage ;
Il faut souvent
Pour l’aborder bien du courage
Contre le vent !
L’amour c’est Dieu, jeunesse aimée !
Oh ! N’allez pas,
Pour trouver sa trace enflammée,
Chercher en bas :
En bas tout se corrompt, tout tombe,
Roses et miel ;
Les couronnes vont à la tombe,
L’amour au ciel !
Dans peu, bien peu, j’aurai beau faire :
Chemin courant,
Nous prendrons un chemin contraire,
En nous pleurant.
Vous habillerez une autre âme
Qui descendra,
Et toujours l’éternelle flamme
Vous nourrira !
Vous irez où va chanter l’heure,
Volant toujours ;
Vous irez où va l’eau qui pleure,
Où vont les jours ;
Jeunesse ! Vous irez dansante
À qui rira,
Quand la vieillesse pâlissante
M’enfermera !