Sur son blanc chevet, belle, à demi nue,
Elle parlait seule, et parlait tout bas :
Du sommeil pour tous l’heure est revenue ;
La lumière au loin s’endort sous la nue ;
Pourquoi, faible cœur, seul ne dors-tu pas ?
Sous son toit rustique où la nuit se pose,
L’agreste famille, après son repas,
Aux voix du dehors tient sa porte close.
Le père et les fils, tout enfin repose ;
Pourquoi, faible cœur, seul ne dors-tu pas ?
Le lis des jardins a fini sa veille :
Fatigué du jour aux brûlants éclats,
Il cède aux oublis que la nuit conseille.
Le zéphir se tait, ainsi que l’abeille.
Pourquoi, faible cœur, seul ne dors-tu pas ?
Mon jeune poulain, parmi sa litière,
Se délasse un peu de ses longs ébats.
Au retour des bois, couché sur la pierre,
Le chien du chasseur ferme sa paupière.
Pourquoi, faible cœur, seul ne dors-tu pas ?
Toute chose dort, pour peu qu’elle veuille :
L’hirondelle même a clos ses yeux las.
Le nid dort sur l’arbre ainsi que la feuille ;
La nature entière enfin se recueille...
Pourquoi, faible cœur, seul ne dors-tu pas ?