Joachim du Bellay

Tu sois la bienvenue, ô bienheureuse trêve

Sonnet CXXVI.
 
Tu sois la bienvenue, ô bienheureuse trêve !
Trêve que le chrétien ne peut assez chanter,
Puisque seule tu as la vertu d’enchanter
De nos travaux passés la souvenance grève.
 
Tu dois durer cinq ans : et que l’envie en crève :
Car si le ciel bénin te permet enfanter
Ce qu’on attend de toi, tu te pourras vanter
D’avoir fait une paix qui ne sera si brève.
 
Mais si le favori en ce commun repos
Doit avoir désormais le temps plus à propos
D’accuser l’innocent, pour lui ravir sa terre :
 
Si le fruit de la paix du peuple tant requis
À l’avare avocat est seulement acquis :
Trêve, va-t’en en paix, et retourne la guerre.

Les Regrets (1558)

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