Sonnet LXIX.
Pourquoi me grondes-tu, vieux matin affamé,
Comme si Du Bellay n’avait point de défense ?
Pourquoi m’offenses-tu, qui ne t’ai fait offense,
Sinon de t’avoir trop quelquefois estimé ?
Qui t’a, chien envieux, sur moi tant animé,
Sur moi, qui suis absent ? crois-tu que ma vengeance
Ne puisse bien d’ici darder jusques en France
Un trait, plus que le tien, de rage envenimé ?
Je pardonne à ton nom, pour ne souiller mon livre
D’un nom qui par mes vers n’a mérité de vivre :
Tu n’auras, malheureux, tant de faveur de moi.
Mais si plus longuement ta fureur persévère,
Je t’enverrai d’ici un fouet, une Mégère,
Un serpent, un cordeau, pour me venger de toi.