Je regrette les vieux vaisseaux dont la voilure,
Large et lourde, pendait du faîte au pied des mâts,
Et leurs pesants rouleaux de toile dont l’amas
Faisait fléchir l’antenne à l’immense envergure.
La marche du meilleur navire était peu sûre :
On dépendait du temps, des saisons, des climats ;
On restait immobile aux jours des calmes plats
Et parfois on errait longtemps à l’aventure.
Mais ils étaient si fiers les fins voiliers, si beaux,
Quand leurs voiles claquaient comme de grands drapeaux,
Puis s’enflaient tout d’un coup, souveraines et rondes !
L’ombre autour d’eux tombait en longs plis sur les eaux,
Et les voiles semblaient dans leurs courbes profondes
Porter en soupirant l’espoir de nouveaux mondes !