Autrefois
Doucement follement rapidement paisiblement
heureusement et tristement
la musique jouait
la musique chantait
jouait et chantait des airs d’hier déjà nouveaux
et puis les déjà très vieux airs
d’un très vieil aujourd’hui
des airs de demain soir
et puis d’hier matin
Autrefois
la musique jouait
la musique chantait
et les joueurs et les chanteurs
jouaient avec
chantaient avec
étaient dedans
Autrefois la musique jouait
la musique chantait
gaiement et désespérément
simplement
Il n’y avait pas encore
de notes de solfège
ni de lettres d’alphabet
et les nombres étaient innombrables on dansait sans compter ses pas on entrait dans la danse sans frapper et les nombres étaient innombrables et le ciel était grand ouvert ou tout noir et orageux ou tout simplement trouble et bleu
Autrefois
la musique était une source qui ne coulait à la baguette d’aucun sourcier
Parfois de temps à autre et tout nouveau tout beau cet autrefois revient quelque part un instant
la musique voyage la peinture aussi
Mais les connaisseurs n’aiment pas ces voyageurs ces vagabonds
Et comme c’est leur métier de méconnaître ils les méconnaissent
Il y a des années
vivait et dansait
un merveilleux vivant un merveilleux danseur
Un jour il demanda à l’un de ses plus nouveaux amis
des paroles d’une chanson
pour ses petites filles
C’est comme cela qu’il appelait ses élèves
Mais son ami n’avait jamais écrit les paroles d’une
chanson
et il ne savait pas comment faire
Il écrivit une histoire d’animaux qui ont des ennuis une rengaine une complainte avec un refrain des couplets
Et il demanda à une de ses amies d’enfance d’écrire
la musique
Ce danseur s’appelait
Fomiès
et celle qui fit la chanson s’appelle
Christiane
Aujourd’hui
Pomiès est mort
et ses deux amis ont fait d’autres chansons
mais toujours c’est toujours le même air qu’ils
entendent chanté par le joli corps de ballet accompagnant
Pomiès dansant
Et les décors sont toujours les mêmes décors et les flammes heureuses de ce spectacle sur les cendres de tant d’autres spectacles morts toujours aussi vivantes dansent encore.