Comme Jorn arrive du Jutland en passant par l’Andalousie, ses toiles arrivent, à leur heure, à Paris. Mi-portrait de famille, mi-peinture de genre, mi-paysage, mi-tableau d’histoire, cette peinture est à la fois épique, comme il se doit aujourd’hui, édifiante et martiale, post-prémonitoire, érotico-nostalgique.
Et c’est toute une époque avec une autre dedans et d’autres par-dessus. Jorn n’oublie pas que, dans le temps, au royaume de Danemark, il y avait quelque chose de pourri et c’est pourquoi il se retrouve ici en pays de connaissance, pour ne parler que du printemps de cette année, sans évoquer les ratonnades et autres folâtreries plastiques.
Ses pinceaux sont intempérants et ses couleurs intempériques et il ne se demande pas si abstraire est le contre-air de concraire, il remonte à la source sans trop prêter attention aux rats crevés en aval et aux déchets atomiques en amont.
Il se fait tout bonnement, en grand seigneur, le collaborateur, le traducteur et le révélateur de petits peintres disparus inconnus, qui n’ont laisse aucun nom ni joué aucun rôle dans l’histoire de l’art.
Il attire ainsi, généreusement, l’attention des connaisseurs sur la curieuse et délirante médiocrité picturale des parents pauvres de la grande déconogra-phie mondiale.