Linotte
Qui frigotte,
Dis, que veux-tu de moi ?
Ta note,
Qui tremblote,
Me met tout en émoi.
Journée
Illuminée,
Soleil riant d’avril,
En quel songe
Se plonge
Mon cœur, et que veut-il ?
Sur la haie,
Où s’égaie
Le folâtre printemps,
La rosée,
Irisée,
Sème ses diamants.
Violette
Discrète,
Devant Dieu tu fleuris ;
Primevère,
A la terre,
Bouche d’or, tu souris.
Petite
Marguerite,
Conseillère du cœur,
Ta couronne
Mignonne
Epèle mon bonheur.
Blanche et fine
Aubépine,
A tes pieds, la fourmi
Déjà teille
Et réveille
Son brin d’herbe endormi.
La mousse
Qui repousse
Attend l’or du grillon ;
La rose,
Fraîche éclose,
Rêve au bleu papillon.
Mais, fidèle
Hirondelle,
Au nid toi qui reviens,
La tristesse
M’oppresse...
Où donc sont tous les miens ?
L’eau sans ride
Et limpide
Ouvre de ses palais,
Où tout brille
Et frétille,
Les réduits les plus frais.
Sur la branche
Qui penche,
Vif, l’écureuil bondit ;
La fauvette
Coquette
Se lustre dans son nid.
La grue
En l’étendue
A glissé, trait d’argent ;
Dans l’anse
Se balance
Le cygne négligent.
La follette
Alouette,
Gai chantre des beaux jours,
Dans l’azur libre
Vibre,
Appelant les amours.
Journée
Illuminée,
Soleil riant d’avril,
En quel songe
Se plonge
Mon cœur, et que veut-il ?
Dans l’onde
Vagabonde,
Aux prés, sur les buissons,
Sous la ramée
Aimée,
Aux airs, dans les sillons,
Tout tressaille
Et travaille,
Germe, respire et vit,
Tout palpite
Et s’agite,
Va, chante, aime et bénit.
Mais mon âme
Est sans flamme...
Beaux jours en vain donnés,
Nature
Calme et pure,
Ô printemps, pardonnez !
Linotte
Qui frigotte,
Dis, que veux-tu de moi ?
Ta note
Qui tremblote
Met mon cœur en émoi.