La nuit s’en va, gare au réveil !
Pour vous je crains, ô Poésies !
Par le jour vous serez saisies :
Malheur à la phalène au lever du soleil !
Son rayon t’est mortel, ô phalène élancée ;
Pour toi, c’est un tombeau, bien qu’un tombeau vermeil.
—« Comment fuir un destin pareil ? »
—Si ta poésie est pensée.
Et vous, redoutez pareil sort,
Vous qui n’êtes point cadencées,
Fragiles et minces Pensées :
Le jour, à vous aussi, peut apporter la mort !
Le soleil est cruel ; sa riche fantaisie,
Qui fait naître en tout sol la beauté sans effort,
Détruit tout, excepté le fort,
Dont la pensée est poésie.