Henri-Frédéric Amiel

Les saisons au village.

         Monts sublimes !
Si l’Hiver glace vos âmes
Qui blanchissent dans l’azur,
De vos flancs descend l’air pur,
L’eau jaillit de vos abîmes.
 
         Alouettes !
Du Printemps les pâquerettes
Ont brillé parmi le thym ;
Gais troupeaux, c’est le matin ;
L’aube a lui ; tintez, clochettes !
 
         Providence !
L’épi mûr, c’est l’abondance
Que pour nous l’Été blondit ;
Au soleil le champ sourit ;
Le fléau bat en cadence.
 
         Meurs, feuillée !
Fruits tombez, l’herbe est mouillée ;
Automne, ouvre tes pressoirs ;
Courts sont les jours, doux les soirs ;
L’oiseau fuit, chante, ô veillée !
 
         Harmonie !
Les Saisons ont un génie ;
Dans les champs et dans le cœur,
Partout il veut le bonheur ;
Œuvre sainte, oh ! sois bénie !

Grains de mil (1854)

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