François-Marie Robert-Dutertre

Sarah la marinière.

A Venise, un grand seigneur
A Sarah la marinière
Offrit, pour toucher son cœur,
Une fortune princière ;
Mais en vain il soupira...
J’aime mieux, lui dit la belle,
Mes filets et ma nacelle ;
Non, vous n’aurez pas Sarah.
 
D’Égypte, le vice roi
En passant dans sa tartane
Lui dit un jour : Sois à moi !
Je te ferai ma sultane ;
Mais en vain il soupira...
Non, dit Sarah, je préfère
Rester simple marinière ;
Non, vous n’aurez pas Sarah.
 
Un jeune prélat romain
Allant en pèlerinage,
La trouva sur son chemin
Et la prit par le corsage ;
Mais en vain il soupira...
Non, Monseigneur, je suis sage,
Portez ailleurs votre hommage ;
Non, vous n’aurez pas Sarah.
 
Mais un jour, un gondolier
Prit une fleur printannière,
Puis en galant cavalier
L’offrit à la marinière ;
Elle à son tour soupira...
Et l’on vit au clair de lune
S’embarquer sur la lagune
Le gondolier et Sarah.

Les loisirs lyriques (1866)

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