François Coppée

Sur la vestale d’Aizelin.

Sous l’œil de la louve d’airain,
Ne t’endors pas indifférente.
Ranime la flamme mourante,
Vestale, songe au feu divin.
 
Car, s’il devait s’éteindre enfin,
Rome serait dans l’épouvante,
Et l’on t’enterrerait vivante,
Condamnée à mourir de faim.
 
Ainsi nous veillons, dans notre âme,
Sur l’honneur, pure et noble flamme.
Mais parfois—cela fait frémir !—
 
Nous sentons, comme la vestale
Prise d’une langueur fatale,
La conscience s’endormir.

Sonnets intimes et poèmes inédits (1911)

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