Émile Verhaeren

Croquis de cloître (II)

Sonnet.
 
A pleine voix– midi s’exaltant au dehors
Et les champs reposant– les nones sont chantées,
Dans un balancement de phrases répétées
Et hantantes, comme un rappel de grands remords.
 
Et peu à peu les chants prennent de tels essors,
Les antiennes sont sur de tels vols portées
A travers l’ouragan des notes exaltées,
Que tremblent les vitraux, au fond des corridors.
 
Le jour tombe en draps clairs et blancs par les fenêtres ;
On dirait voir pendus de grands manteaux de prêtres
A des clous de soleil. Mais soudain, lentement,
 
Les moines dans le choeur taisent leurs mélodies
Et, pendant le repos entre deux psalmodies,
Il vient de la campagne un lointain meuglement.

Les moines (1886)

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