Ô salubre et fécond engrais des trépassés !
Ferment mystérieux des sèves éternelles,
Nous te composerons, pourritures charnelles,
Sous les gazons plus verts pêle-mêle entassés.
Quand nous aurons dormi, rigides et glacés,
Dans la terre, plus près des ardentes mamelles,
Nous nous réveillerons oiseaux avec des ailes,
Ou chênes forts, du sein de la fange élancés.
Ce sont les morts qui font la nature superbe.
Salut, moissons ! salut, forêts ! salut, brins d’herbe
Eaux vives, floraisons roses, beauté des morts !...
—Matière par des lois fatales poursuivie,
Nous faudra-t-il, jaloux du sommeil sans remords,
Recommencer sans fin le rêve de la vie ?