Albert Mérat

Les yeux

Le soleil des beaux yeux ne brûle que l’été.
Plus tard il s’affaiblit ; plus tôt, il faut attendre :
C’est un rayon d’avril, pâle encore et trop tendre,
N’échauffant que la grâce au lieu de la beauté.
 
Au solstice de l’âge un instant arrêté,
C’est un feu qui ferait revivre un cœur en cendre
Une flamme dorant, avant que de descendre,
L’épanouissement de la maturité.
 
Pourtant, un jour plus doux tremble dans l’aube blanche ;
On dirait que du sein de l’ombre qui l’épanche,
Mystérieux, il garde encore de la nuit.
 
Le ciel profond n’a pas dépouillé tous ses voiles ;
Parmi l’azur il semble oublier des étoiles,
Et dans les yeux de vierge une aube monte et luit.

L’idole (1869)

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