Albert Mérat

Le jardin

Le décor est royal ; les arbres éclaircis
Alignent la beauté des larges perspectives ;
L’eau, qu’un bassin de marbre encadre dans ses rives,
Étale avec orgueil ses grands cygnes transis.
 
Les princesses de France, en de blancs raccourcis,
Luisent sur le profil des terrasses massives ;
Bleus et rayant le ciel de leurs arêtes vives,
Les vieux toits effilés parlent des Médicis.
 
C’est charmant et point trop pompeux. Dans les allées,
S’allonge sous l’essaim des feuilles envolées
L’ombre des hauts tilleuls dépouillés et tremblants.
 
Les oiseaux sont partis vers les tièdes provinces ;
Il gèle ; et l’azur pâle, entre les rayons blancs,
Semble un rire forcé plissant des lèvres minces.

Les souvenirs (1872)

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