Albert Mérat

Dernier sonnet

Après les yeux, après la bouche, après l’éclat
Des cheveux, poursuivant la grâce du poème,
Je ne rencontrais pas une beauté suprême
Qu’une autre, sans pouvoir lui nuire, n’égalât.
 
Mais ce siècle est menteur bien plus que délicat ;
Sa pudeur a poussé les feintes à l’extrême.
Voici qu’il a flétri ce dernier sujet, même
Avant qu’un simple trait de plume le marquât.
 
Donc mon œuvre sera par moi-même meurtrie :
Au lieu du nu superbe, un pli de draperie
Dérobera la fuite adorable des flancs.
 
Encore il se peut bien qu’un vil regard indique
Ce voile, malgré soi moulant les contours blancs,
Comme une invention de Vénus impudique.

L’idole (1869)

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