Caricamento in corso...
Aimé Césaire

Tournure des Choses

De vrai l’agiot des oiseaux du paradis ne fane plus la rose
 
des vents et quand j’ouvre la cage de mes paupières
 
quand je dégante mes éperviers nichés et que je les lance
 
dans une détente de prunelles là où le pollen de la faim
 
accomplit sans bruit le haut miracle de la fécondation de
 
la fleur stérile du désespoir
 
(écume de la parole jetée à l’étourdi parmi la flamme
 
d’un silence
 
concrétion juste aperçue de mon sein gauche trop vivace
 
excroissance de la plus sauvage pratique de mes orteils
 
à ma volonté traînant les bribes du monde
 
à ma volonté ensablant des halètements de plus en plus
 
faibles que je dispose très bien en mondes sagement
 
défunts)
 
justice au paysage ! c’est lui le crieur encore lui
 
le chemin se sourit aux couchants
 
les pierres apprivoisent la mer démontée
 
les crabes qui sont les soleils des égouts révoltés contre
 
l’ordre des voiries sont suspendus au haut des palais anciens
 
mes mains se passent recroquevillées la cognée des présages
 
La ville ?
Néant de ville.
La ville ?
Néant d’yeux néant de
 
cauchemars néant de souvenir néant d’indifférence

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