à
Pierre
Loeb
Mon cheval bute contre des crânes joués à la marelle de la rouille
mon cheval se cabre dans un orage de nuages qui sont des putréfactions de chairs à naufrage
mon cheval hennit dans la petite pluie de roses que fait mon sang dans le décor des fêtes foraines mon cheval bute aux buissons de cactus qui sont les nœuds de vipère de mes
tourments
mon cheval bute hennit et bute vers le rideau de sang de mon sang
tiré sur tous les ruffians qui jouent aux dés mon sang mon cheval bute devant l’impossible flamme de la barre que hurlent les vésicules de mon sang
Grand cheval mon sang mon sang vin de vomissure d’ivrogne je te le donne grand cheval
je te donne mes oreilles pour en faire des naseaux sachant frémir
mes cheveux pour en faire une crinière des mieux sauvages ma langue pour en faire des sabots de mustang
je te les donne
grand cheval
pour que tu abordes à l’extrême limite de la fraternité
les hommes d’ailleurs et de demain
avec sur le dos un enfant aux lèvres à peine remuées
qui pour toi
désarmera
la mie chlorophyllienne des vastes corbeaux de l’avenir.