Je t’évoque
bananier pathétique agitant mon cœur nu
dans le jour psalmodiant
je t’évoque
vieux hougan des montagnes sourdes la nuit
juste la nuit qui précède la dernière
et ses roulements d’ennui frappant à la poterne folle des villes enfouies
mais ce n’est que le prélude des forêts en marche au cou sanglant du monde
c’est ma haine singulière
dérivant ses icebergs dans l’haleine des vraies flammes
donnez-moi
ah donnez-moi l’œil immortel de l’ambre
et des ombres et des tombes en granit équarri
car l’idéale barrière des plans moites et les herbes aquatiques
écouteront aux zones vertes
les truchements de l’oubli se nouant et se dénouant
et les racines de la montagne
levant la race royale des amandiers de l’espérance
fleuriront par les sentiers de la chair
(le mal de vivre passant comme un orage)
cependant qu’à l’enseigne du ciel
un feu d’or sourira
au chant ardent des flammes de mon corpz