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Aimé Césaire

Maison– Mousson

ma face de monnaie très usée brusquement redécouverte
 
dans tes fouilles
 
ta face brusquée de bête des eaux suprêmement élégante
 
l’une contre l’autre par évents et désastre
 
soufflant
Espace à ton plafond trop bas
 
du fond du temps une insulte mémorable
 
Maison
Mousson
 
onduleuse nageuse aux yeux anciens d’abîmes comblés
 
marabout et serpent noués
 
cicatrice d’horizons joués
 
selon la force de la fausse nuit où nous montons
 
en serpents d’eau de climats sibyllins
 
qui de leurs têtes désarmées
 
par la solennelle touffeur de continents nés
 
splendide nous font un toit
 
et le matin de musc tiédissait dans la mangle une main de
 
soleil
 
et midi juchait haut un aigle insoutenable
 
la nuit tombait à pic
 
mais maintenait quand même entre deux eaux
 
un trouble de terre plein de musiques encore d’insectes
 
irréductibles
 
et de nouveau le jour incendiant vert-bleu au profond
 
veiné des corolles
 
une ivresse d’oiseau-gemme dans un saccage de sang
 
et les soirs revenaient brochant de chimériques
 
tulles et les saisons passaient sur les ocres et les bruns
 
penchés des madras des grand-mères songeuses
 
à la pluie
 
quand les carêmes pourchassaient par les mornes
 
l’étrange troupeau des rousseurs splendides

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