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Aimé Césaire

Et Tâtant le Sable du Bambou de Mes Songes

le tronc enserré de liens
 
l’eau lance de brutaux surgeons
 
dans l’aire avide du courant
 
ce sont surgeons aveugles d’être
 
affamés affamés et claustrés de DIX ans
 
un immense courage debout au centre sans mérite
 
du lasso à lancer au cou sauvage de la vie qui se cabre
 
dans tous les sens
 
remonte superbement la pente des manades
 
faisant sauter de par en bas l’une après l’autre
 
la cause des roches des îles des berges
 
chacune victorieuse parole
 
le bouillonnant silence les marqua de son sceau
 
à l’instant des balances
 
et pourtant jusqu’au bout
 
et sans que le pus de nos yeux encroûte nos visions
 
mon orgueil pèse et tâtant du bambou de mes songes
 
la profondeur des sables
 
je descends la passe considérable ô
Bête
 
cependant que s’avancent nulles si ce n’est
 
au pouvoir ultime de ma bouche
 
les caravanes poussiéreuses portant sur la tête en bagage
 
la confusion véhémente de l’avenir
 
les antiques témoins de l’alliance n’ont pas l’air au vertige
 
or c’est une mer très à vif et houleuse
 
moi à même eux de toutes parts
 
rois dans le corail consentant et le cœur consistant
 
des fougères
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