en ce temps-là le temps était l’ombrelle d’une femme très
belle
au corps de maïs aux cheveux de déluge
en ce temps-là la terre était insermentée
en ce temps-là le coeur du soleil n’explosait pas
(on était très loin de la prétintaille quinteuse
qu’on lui connaît depuis)
en ce temps-là les rivières se parfumaient incandescentes
en ce temps-là l’amitié était un gage
pierre d’un soleil qu’on saisissait au bond
en ce temps-là la chimère n’était pas clandestine
ce n’était pas davantage une échelle de soie contre un
mur
contre le
Mur
alors vint un homme qui jetait comme cauris
ses couleurs
et faisait revivre vive la flamme des palimpsestes
alors vint un homme dont la défense lisse
était un masque goli
et le verbe un poignard acéré
alors un homme vint qui se levait contre la nuit du temps
un homme stylet
un homme scalpel
un homme qui opérait des taies
c’était un homme qui s’était longtemps tenu
entre l’hyène et le vautour
au pied d’un baobab
un homme vint
un homme vent
un homme vantail
un homme portail
le temps n’était pas un gringo gringalet
je veux dire un homme rabordaille
un homme vint un homme