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Aimé Césaire

Clair Passage de ma Journée Profonde

dans l’épice grand large
 
il y a étale cette épaisseur comme une saison acide une tour vénéneuse qu’on finit par ne plus entendre parce que jamais jamais elle ne retombe en gouttes ravinant d’un
fragment la paroi qui patiente
 
il y a cette verticale terrible dont le nom fidélité me fixe à
 
vif
 
au pommeau tournoyant du glaive à double tranchant
 
dont je ne suis que la garde affable dans le temps et que
 
chaque goutte de mon sang en vain s’efforce de diviser
 
il n’est pas pour autant facile de dessiner la carte du champ de bataille clairière chaque fois mouvante dont le remords m’essaime à tout coup plus sauvage vers la face loyale des
constellations
 
hurler à la lisière attisée incassable en barreaux
 
forgée en vigilance et par démence tordue
 
hurler aux sources inavouées des grands fleuves aux
 
maternités
 
non mémorables à la mamelle jamais mordue des bêtes
 
faramines
 
le réveil est en torpeur au pied péremptoire des palmiers femmes frigides étroitement gainées et qui toujours et de très haut s’éventent
 
le sûr est qu’il y a moi un grand serpent des fondrières que se singe clouer le trident du soleil et qui sans nom effarouché bifide tout au bord d’une nuit rompue rampe
fragilement avide avide d’un lait ténu
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