L’enfant avril est le frère
De l’enfant amour ; tous deux
Travaillent en sens contraire
À notre coeur hasardeux.
L’enfant amour nous rend traîtres,
L’enfant avril nous rend fous.
Ce sont deux petits prêtres
Du supplice immense et doux.
La mousse des prés exhale
Avril, qui chante drinn drinn,
Et met une succursale
De Cythère à Gretna-Green.
Avril, dont la fraîche embûche
A nos vices pour claqueurs,
De ses petits doigts épluche
Nos scrupules dans nos coeurs.
Cependant, il est immense ;
Cet enfant est un géant ;
Il se mêle à la démence
Qu’a l’Éternel en le créant.
Lorsqu’il faut que tout rayonne,
Et que tout paie un tribut,
Avril se proportionne
À l’énormité du but.