Victor Hugo

Jolies femmes

Sonnet.
 
On leur fait des sonnets, passables quelquefois ;
On baise cette main qu’elles daignent vous tendre ;
On les suit à l’église, on les admire au bois ;
On redevient Damis, on redevient Clitandre ;
 
Le bal est leur triomphe, et l’on brigue leur choix ;
On danse, on rit, on cause, et vous pouvez entendre,
Tout en valsant, parmi les luths et les hautbois,
Ces belles gazouiller de leur voix la plus tendre :
 
—La force est tout ; la guerre est sainte ; l’échafaud
Est bon ; il ne faut pas trop de lumière ; il faut
Bâtir plus de prisons et bâtir moins d’écoles ;
 
Si Paris bouge, il faut des canons plein les forts.
Et ces colombes-là vous disent des paroles
A faire remuer d’horreur les os des morts.
 
Juillet 1870.

Les quatre vents de l’esprit (1881)

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